Une rétrospective des événements de l’année 2020 en Europe centrale (1/2)

Nous avons sélectionné une poignée d’articles du « Courrier d’Europe centrale » sur des évènements qui ont marqué l’année 2020 dans les pays d’Europe centrale et orientale, mois par mois. Bonne lecture et meilleurs vœux de nouvelle année à tous nos lecteurs !

Janvier : Auschwitz et la guerre des mémoires

Une coalition vert turquoise a pris ses fonctions à Vienne, faisant de l’Autriche un laboratoire européen écolo-conservateur (ici) ; La Hongrie a été le principal client des marchands d’armes allemands en 2019 (ici) ; Au premier jour du procès de l’affaire Kuciak, l’un des quatre accusés a raconté à la Cour comment il a abattu le journaliste Ján Kuciak et sa compagne, en février 2018 : « M. Kuciak a ouvert la porte, je lui ai tiré dans la poitrine » (ici) ; Le pacte vert européen se révèle une aubaine pour les « barons du charbon » en Tchéquie (ici) ; Côté culture, nous sommes allés à la rencontre de l’actrice polonaise fétiche d’Andrzej Wajda, Krystyna Janda, connue en France pour son rôle aux côtés de Lino Ventura dans Espion, lève-toi d’Yves Boisset (ici).

Mais la grande affaire de ce début d’année 2020, ce sont les commémorations du 75e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz. Sur le site du camp le 27 janvier, Marian Turski, ancien prisonnier, délivre un discours remarquable (ici). Sur fond de guerre des mémoires : une première commémoration concurrente s’est déroulée à Yad Vashem à Jérusalem quelques jours plus tôt (ici). Surtout, Moscou a déclaré une guerre mémorielle à Varsovie (ici). Dans un grand entretien, l’historien Pierre Grosser explique que « L’Europe semble s’aligner sur les positions mémorielles ‘dures’ des victimes de l’URSS » (ici).

Février : La Slovaquie tente de tourner la page Fico

Plusieurs milliers de manifestants se rassemblent à Budapest contre une campagne du pouvoir contre des Roms victimes de discrimination scolaire (ici) ; Des organisations civiles lancent une pétition pour encourager la Cour de justice de l’Union européenne à suspendre l’application de la loi « muselière » en Pologne (ici) ; Nous interviewons la nouvelle égérie du gouvernement de Viktor Orbán, Katalin Novák, secrétaire d’État à la famille et à la jeunesse, vice-présidente du Fidesz (ici).

Le mois de février est marqué par des élections législatives cruciales en Slovaquie, qui doivent tourner la page de l’ère Robert Fico. Nous rencontrons Irena Bihariová, une femme rom candidate d’un parti progressiste aux élections législatives en Slovaquie (ici) ; Des élections slovaques que remportera, à la surprise générale, Igor Matovič, le « roi des pancartes » (ici) ; Après une campagne ponctuée de manifestations antifascistes (ici).

Mars : L’Europe centrale se recroqueville en attendant le coronavirus

En Slovénie, le vieil ami de Viktor Orbán, Janez Janša, revient au pouvoir en Slovénie (ici) ; À Varsovie, des victimes de viol organisent un défilé de mode pour « briser le silence » de la société (ici) ; Les municipalités polonaises qui ont adopté la très décriée « Charte des droits de la famille » veulent attaquer en justice les militants de la cause homosexuelle qui les ont inclus dans un « Atlas de la haine » (ici) ; Viktor Orbán crie victoire, sa politique du fer barbelé a, selon lui, triomphé en Europe (ici).

Mais bien sûr, c’est l’arrivée du coronavirus en Europe qui défraie la chronique. Des travailleurs d’Europe de l’Est se trouvent piégés par la fermeture des frontières (ici) ; De Prague à Moscou en passant par Kiev, et de Varsovie à Budapest en passant par Bratislava, nos correspondants témoignent de la vie suspendue par la propagation de l’épidémie causée par le coronavirus et de la crise sanitaire qui couve (ici) ; Comme souvent en Ukraine, la réalité désinvolte de la rue tranche avec le ton inquiet des déclarations officielles (ici) ; « Tu sais compter ? Compte sur toi-même », se disent Les Polonais à l’heure de sévères restrictions (ici) ; Tandis qu’en Tchéquie, l’épidémie suscite un élan de solidarité où l’on coud soi-même ses masques (ici).

Pour protéger la Hongrie de l’épidémie de coronavirus, Viktor Orbán réclame les pleins pouvoirs… (ici) ; … Et les obtient, déclenchant un scandale international (ici) ; En Pologne, le PiS ne brille guère plus en voulant maintenir à tout prix les élections présidentielles au mois de mai (ici).

Avril : Les restrictions sanitaires frappent les plus vulnérables

Le Fidesz fête ses dix ans au pouvoir en Hongrie (ici) ; Quelques jours plus tard le grand journal pro-Orbán publie un pamphlet jugé « nazi » visant une députée (ici) ; Budapest a expulsé jeudi onze étudiants iraniens accusés d’avoir dérogé aux ordres de quarantaine (ici) ; L’ancien militaire Miroslav Marček est condamné à 23 années de prison pour le meurtre du journaliste Ján Kuciak et de sa fiancée (ici) ; Un incendie se déclare aux abords du réacteur 4 de la centrale de Tchernobyl (ici) ; Les féministes polonaises font preuve d’inventivité pour manifester contre la menace d’une interdiction de l’IVG (ici).

L’Europe centrale est épargnée par la pandémie de Covid-19 qui sévit dans l’ouest du continent, mais au prix de lourdes restrictions. Elles occasionnent de lourds dégâts sur l’économie et touchent surtout les plus vulnérables. La crise sanitaire fait de gros dégâts collatéraux parmi les travailleurs précaires et les indépendants, comme les Pragois Martina, Petr et Marcus (ici) ; L’ombre du coronavirus plane au-dessus d’un Donbass démuni (ici) ; L’épidémie de coronavirus qui touche l’Europe a aussi de lourdes conséquences pour les populations roms d’Europe centrale et orientale (ici).

Mai : Un centenaire de Trianon bouleversé en Hongrie

Rafał Trzaskowski, le maire de Varsovie, se lance dans la course à la présidentielle polonaise (ici) ; Jerzy Pilch, l’un des auteurs polonais les plus populaires, décède à Kielce à 67 ans. « Sous Walesa, je n’ai plus dégueulé que de la vodka digestive », écrivait-il (ici) ; La Hongrie met fin à la détention des demandeurs d’asile dans ses « zones de transit » après un arrêt de la Cour de justice européenne (ici et ici) ; Les Pragois redécouvrent leur ville, désertée par les touristes (ici) ; Aux confins de l’Union européenne, dans la partie orientale de la Slovaquie, plusieurs milliers de personnes roms ont été placées en quarantaine totale, surveillées par l’armée (ici).

La Hongrie se prépare à commémorer le centenaire du traité de Trianon du 4 juin 1920, mais à minima, en raison des mesures sanitaires anti-Covid. « Trianon 100 », est une mission scientifique au service d’un centenaire délicat (ici) ; Un siècle après sa signature, le traité fait encore l’objet de nombreuses légendes auprès des Hongrois. Parmi celles-ci, la « Carte rouge » demeure toujours un symbole fort (ici). Dans la Hongrie de Viktor Orbán, Trianon a encore un écho tout à fait singulier. Éclairage avec l’historien Balázs Ablonczy (ici).

Juin : Le PiS attise la haine contre les homosexuels avant l’élection présidentielle

Le parlement hongrois vote à l’unanimité pour la levée de l’état d’urgence déployé contre le coronavirus si décrié à l’international (ici) ; Le site hongrois Index, le plus grand média de Hongrie, est en eaux troubles (ici) ; En Roumanie, on se souvient des « minériades » des 14 et 15 juin 1990 (ici) ; Plus d’un millier de personnes se rassemblent à Budapest pour la manifestation Black Lives Matter devant l’ambassade américaine (ici) ; À Varsovie, la statue de Tadeusz Kościuszko, officier polonais ayant pris part la guerre d’Indépendance américaine, a été recouverte par le slogan « Black Lives Matter » (ici) ; Au Bélarus, une partie de l’élite et de la population souhaitent tourner la page de l’ère Loukachenko lors des élections présidentielles en août (ici).

La campagne électorale bat son plein en Pologne. Le PiS est résolu à présenter cette élection comme un « choix entre une Pologne blanche et rouge et une Pologne arc-en-ciel » (ici) ; La machine à propagande de la télévision publique polonaise TVP redouble d’ardeur depuis que Rafał Trzaskowski souffle dans le cou du président sortant (ici) ; Les propos incendiaires du président Andrzej Duda à l’encontre des personnes LGBT+ ont provoqué un regain de mobilisation des militants de la cause en Pologne (ici) ; Dans un communiqué retentissant, les deux associations de vétérans de l’insurrection de Varsovie d’août 1944 expriment leur indignation (ici) ; Finalement, Andrzej Duda (PiS) remporte largement le premier tour de l’élection présidentielle (ici).

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