Lors du premier jour des audiences, l’un des quatre accusés a raconté à la Cour comment il a abattu le journaliste Ján Kuciak et sa compagne, en février 2018.
*Image d’illustration empruntée à l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP).
Lundi, lors du premier jour des audiences au tribunal Pezinok, l’un des quatre accusés du meurtre du journaliste Ján Kuciak et de sa fiancée Martina Kušnírová a réitéré devant la Cour les aveux qu’il avait fait à la police.
Miroslav Marček, un ancien militaire, cheveux ras et en sweat-shirt, a raconté comment, avec son cousin Tomáš Szabó, un ancien policier, il a commis l’irréparable dans la soirée du 21 février 2018, après plusieurs jours de planque devant la petite maison que retapait le couple, à Veľká Mača.
« J’ai attendu que l’occasion se présente. Quand Madame Kušnírová est allée à la salle de bain, j’ai frappé à la porte, M. Kuciak a ouvert, je lui ai tiré dans la poitrine », a commencé Miroslav Marček. « Malheureusement, j’ai vu qu’il y avait quelqu’un d’autre, elle s’est précipitée dans la cuisine et, là, je lui ai tiré dessus. Je sais qu’elle est morte sur le coup. En partant, j’ai tiré une nouvelle fois sur Ján Kuciak, qui gisait dans les escaliers ».
Il a présenté ses excuses aux parents des victimes qui, à quelques mètres de lui, n’ont pu retenir leurs larmes. « Je tiens à m’excuser auprès des victimes pour le tort que nous leur avons causé, rien ne peut remplacer cela, a déclaré M. Marček. Les voir à la télévision et voir leur douleur m’a fait dire ce qu’il s’est passé. Je suis désolé, mais je ne peux pas l’effacer ».
Tomáš Szabó, le second homme de main, ne se montre pas aussi coopératif. Contrairement à son cousin, c’est en lisant un texte et en refusant de répondre aux questions qui lui étaient posées qu’il a reconnu avoir accompagné Miroslav Marček, mais se défaussant sur lui quant à sa participation au double meurtre. Son témoignage, calculé et sans spontanéité, n’a pas convaincu l’avocat de la famille Kuciak, Daniel Lipšic, qui l’a jugé « peu crédible », contrairement aux aveux de Miroslav Marček.
Entouré de près par plusieurs policiers d’élite encagoulés et fusil d’assaut à la main, Marian Kočner, le commanditaire présumé, nie, lui, tout implication et affirme qu’il avancera les arguments de sa défense le moment venu. Sa complice Alena Zsuzsová, elle aussi sur le banc des accusés, toute de noir vêtue, fait de même, niant avoir monté le commando pour le compte de celui qu’elle décrit comme « son ami et parrain de sa fille ». Un cinquième accusé, Zoltán Andruskó, a d’ores et déjà été condamné à quinze années de prison à la fin du mois de décembre, dans le cadre d’un accord de collaboration avec la justice. C’est lui qui a « balancé » le nom de M. Kočner à la police, immédiatement après son arrestation au mois de septembre 2018.
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