Le CPAC entièrement dévouée aujourd’hui à Donald Trump a rassemblé, jeudi et vendredi dans la capitale de la Hongrie, un parterre d’ultra-conservateurs, de nationalistes et de conspirationnistes.
Après avoir reçu en grandes pompes le pape François à Budapest le week-end du 1er mai, Viktor Orbán accueillait, les 4 et 5 mai dans la capitale hongroise pour la deuxième année consécutive, les représentants de l’extrême-droite du monde entier dans le cadre de la CPAC (Conservative Political Action Conference), une convention annuelle lancée depuis 1970 par la très réactionnaire American Conservative Union (ACU) entièrement dévouée aujourd’hui à Donald Trump. Ce dernier a d’ailleurs envoyé un message vidéo aux participant de ce CPAC-Hongrie dont les valeurs rejoignent les siennes : « Dieu, la patrie, la famille ». Dans son message, l’ex-président en quête d’une nouvelle investiture du Parti Républicain n’a pas manqué d’encenser le « great leader » Viktor Orbán son plus fidèle allié dans « la bataille historique contre les mondialistes et les communistes du monde entier ».
Des centaines d’invités et une soixantaine d’orateurs venus de vingt pays se sont donc relayées pendant deux jours sur le thème « Ensemble nous sommes forts ! ». Parmi eux, on trouvait les alliés déchus d’Orbán en Europe centrale comme le tchèque Andrej Babiš et le slovène Janez Janša,ainsi que toute la fine fleur de l’extrême droite européenne : l’Autrichien Herbert Kickl, président du FPÖ, l’Espagnol Santiago Abascal de Vox, le Belge Tom van Grieken du Vlaams Belang, le « Trump suisse » Roger Köppel et Jordan Bardella, président du Rassemblement National qui avait fait spécialement levoyage de Paris pour parler moins d’une dizaine de minutes dans le cadre de la section « No country for woke men ».

Le PiS absent
Sans oublier de nombreux représentants de la droite radicale américaine comme Steve Bannon, la présentatrice de Fox News Sara Carter ou l’élu conspirationniste de l’Arizona Paul Cosar pour qui George Soros, le milliardaire philanthrope hongrois bête noire d’Orbán, « a livré les juifs hongrois aux nazis » pendant la seconde Guerre mondiale. On a pu aussi entendre le fils Bolsonaro qui s’est contenté d’envoyer un message vidéo du Brésil.
Dans la salle, les absents se sont aussi fait remarquer. Aucun représentant de Droit et Justice(PiS) polonais, principal allié du Fidez, le parti d’Orbán, jusqu’à ce que l’invasion russe de l’Ukraine ne les éloigne et aucune trace de la première ministre d’extrême droite italienne Giorgia Meloni dont le mouvement « Fratelli d’Italia » était représenté par le député européen Vincenzo Sofo, accompagné de son épouse Marion Maréchal, petite fille de Jean-Marie Le Pen, qui s’était alliée l’an dernier à Éric Zemmour lors de la dernière campagne présidentielle française.
Ainsi, durant deux jours, ils ont tour à tour dénoncé à la tribune ou par messages vidéo le wokisme, la lutte des classes, la politique du genre, les LGBTQ, les migrants et… George Soros, grand marionnettiste, selon eux, de toutes les dérives des sociétés libérales et progressistes. « La gauche et George Soros font tout pour détruire les fondations », a ainsi déclaré Matt Schlapp président de l’ACU. « Nous subissons, nous survivons. Nous ne vous permettrons pas de tromper nos élections, nos écoles, de détruire la civilisation. Et surtout, nous ne vous permettrons pas de nous détourner du plan céleste qui a été écrit il y a des milliers d’années ».
Les migrants, l’idéologie du genre, le wokisme, la cancel culture ou l’identité LGBTQ sont des variantes du même virus, qui travaillent à démanteler le cadre de l’État-nation.
En ouverture de la convention, Viktor Orbán avait déjà donné le ton en saluant « les défenseurs du monde libre ». En maître des lieux, il a expliqué que la Hongrie est « un incubateur » pour la politique conservatrice du futur. « Nous sommes la preuve que seule la politique conservatrice peut aider là où les libéraux et les gauchistes ont ruiné un pays », a-t-il martelé en faisant référence à son arrivée au pouvoir en 2010 après huit ans de gouvernement socialiste. « Ici, nous ne parlons pas seulement de vaincre les libéraux progressistes, mais nous l’avons réellement fait », a-t-il dit.
« La bataille spirituelle est essentielle pour gagner et pour vaincre l’idéologie d’une société ouverte », a poursuivi Viktor Orbán en affirmant que l’Occident est « attaqué par un virus destructeur des nations développé dans les laboratoires libéraux progressistes » dont les têtes pensantes sont à Bruxelles avec leur « élite progressiste ». Les migrants, l’idéologie du genre, le wokisme, la cancel culture ou l’identité LGBTQ sont des variantes du même virus, qui travaillent à démanteler le cadre de l’État-nation. Ce qui a fait dire à Kristóf Szalay-Bobrovniczky, le ministre de la Défense hongroise, que tant qu’il sera à la tête de ce ministère, « il n’y aura pas de LGBTQ-XYZ, ni de sexospécifique, ni aucune autre force infectée par l’idéologie progressiste ».
Orbán se dit toutefois confiant dans la bataille. Si la Hongrie reste pour lui « le meilleur anti-virus » face à la dégénérescence occidentale, il estime que la « reconquistada » a déjà commencé avec les victoires de Georgia Meloni en Italie et celle de Benjamin Netanyahu en Israël. Et, surtout, il souhaite la victoire de Donald Trump, seul homme capable de ramener la paix. « S’il était président, aucune guerre ne s’abattrait sur l’Ukraine et l’Europe », a-t-il affirmé. « Que la force soit avec vous ! », a conclu sous les ovations Viktor Orbán, nouveau Dark Vador du monde libre.