Mais pourquoi donc le Droit et Justice de Jarosław Kaczyński veut-il à tout prix maintenir les élections présidentielles au mois de mai, malgré le risque pour la santé et la vie des Polonais ?
Comme la République en Marche en France a maintenu les élections municipales au mois de mars, le parti au pouvoir en Pologne s’obstine à ne pas repousser les présidentielles les 10 et 24 mai prochains. Cela en dépit de l’avis des autres partis de l’opposition, qui pointent le risque sanitaire et la compétition électorale biaisée, notamment du fait des restrictions sur les rassemblements.
En dépit également de l’opinion publique qui, craignant la propagation de l’épidémie causée par le coronavirus, se prononce très majoritairement pour un report des élections, y compris les électeurs du Droit et Justice (PiS).
En effet, selon une enquête d’Ipsos pour OKO.press, 78 % des électeurs désapprouvent la volonté de Jarosław Kaczyński, le patron du PiS, d’organiser les élections aux dates prévues, contre seulement 19 % qui le soutiennent. Une autre enquête, réalisée cette fois par Kantar pour le compte de la Gazeta Wyborcza, vient confirmer les résultats d’Ipsos : 73 % des interrogés souhaitent un report.
Mais l’enquête d’Ipsos ne s’arrête pas là. Comme l’explique « Wyborcza » : « Nous voulions découvrir avec cette enquête pourquoi Jarosław Kaczyński insiste tant sur le maintien des élections alors qu’une pandémie menace la santé et la vie des Polonais ». La réponse : les électeurs d’Andrzej Duda, le candidat du PiS, se mobiliseront pour se rendre aux urnes bien davantage que ceux des autres candidats.
Pourtant, comme l’indique aussi le sondage, les partisans du PiS craignent le coronavirus tout autant que les autres. Gazeta Wyborcza avance comme explication la plus grande « loyauté » de ses électeurs envers le PiS.
Par conséquent, si les élections étaient maintenues au mois de mai pendant l’épidémie, Andrzej Duda l’emporterait dès le premier tour avec près des deux-tiers des suffrages (65 %), très loin devant sa principale rivale, Małgorzata Kidawa-Błońska de la Plateforme civique (10 %). Le taux de participation serait de 31 %. (En bleu sur le graphique)
Si en revanche le scrutin devait se tenir une fois l’épidémie passée, M. Duda ne recevrait « que » 44 % des voix et Mme Kidawa-Błońska (19 %), avec un taux de participation deux fois supérieur (61 %). (En marron clair sur le graphique)
