Un défilé de mode d’un genre un peu particulier s’est déroulé dans la capitale polonaise le 8 mars dernier. Portant la tenue dans laquelle elles ont été agressées, des victimes de viol ont défilé tels des mannequins sur un podium pour « briser le silence » de la société.

Les victimes de viol l’ont sans doute un peu cherché (sic). C’est pour battre en brèche cette accusation récurrente que des femmes qui ont eu à subir un viol ont répondu à l’appel de l’association Forget-me-not (Niezapominajki – Ne m’oublie pas), qui vient en aide aux victimes de violences sexuelles.
Les femmes ont défilé sur le podium dans les vêtements qu’elles portaient au moment où elles ont été agressées, de façon à renvoyer à leur accusateurs l’affirmation selon laquelle les victimes ont provoqué leur(s) agresseur(s). Ce ne sont pas les vêtements qui violent, mais le violeur, rétorque l’association, pour qui c’est aussi une façon de briser l’omerta et dénoncer le fait que la société attend des victimes quelles « se taisent, se cachent et disparaissent ». « Nous voulions montrer l’absurdité de cette théorie », a expliqué l’association, qui veut aider les victimes à relever la tête et espère déclencher un débat public sur la question du viol.
« Nous sommes des millions et nous sommes énervées. »
Maja Staśko, co-fondatrice de cette association qui a vu le jour au mois de janvier 2020 a ouvert l’évènement en lisant quelques-unes des nombreuses insultes reçues par l’association sur internet. « Nous vivons. Nous existons. Nous vous entendons et vos paroles nous détruisent », a déclaré Maja Staśko. « Tandis que nos paroles sont noyées et ignorées. Elles ne veulent rien dire devant les tribunaux. 67 % des plaintes pour de viol sont abandonnées. 40 % des jugements prononcés sont des peines de prison avec sursis. […] Nous sommes censées avoir peur de sortir de chez nous. Nous sommes censées nous taire, nous cacher et disparaître. Mais nous sommes vivantes ».
Selon Maja Staśko, 87 % des femmes en Pologne ont subi des violences sexuelles et une sur cinq a été violée. « Nous sommes des millions et nous sommes énervées. Nous venons de Poznań, Dąbrowa Górnicza, Września, Katowice et Kraków », a-t-elle lancée.
