Des étudiants Iraniens expulsés de Hongrie

Budapest a expulsé jeudi onze étudiants iraniens accusés d’avoir dérogé aux ordres de quarantaine des autorités hongroises. Téhéran s’est érigé contre le traitement dont ils ont fait l’objet.

Onze citoyens qui étudiaient à Budapest ont été expulsés jeudi et trois autres le seront le 23 avril. Tous sont accusés d’avoir violé leur ordre de quarantaine dans un hôpital de Budapest, au début du mois de mars.

Deux d’entre eux, testés positifs au SARS CoV-2 de retour de leur pays, avaient été pointés du doigt par Viktor Orbán et par les médias pro-gouvernementaux, désignés comme les premières personnes infectées en Hongrie. Une enquête du journal en ligne 444.hu avait révélé par la suite que les deux Iraniens incriminés n’étaient pas les premiers cas et que le gouvernement le savait. Le premier ministre hongrois a attribué la maladie du Covid-19 « aux étrangers chez qui elle se propage » et à l’immigration.

« Les citoyens iraniens se sont comportés de manière provocante et antisociale à l’hôpital », a affirmé jeudi, Róbert Kiss, le lieutenant-colonel de police et porte-parole du conseil de crise. Un jour plus tôt, il avait indiqué que huit des étudiants partiraient d’eux-mêmes mais que trois seraient escortés par des policiers. Enfin, trois autres quitteront le pays à la date du 23 avril.

L’un des Iraniens témoignait dans le journal Le Monde le 24 mars : « La police était venue nous chercher à 3 heures du matin, sans prévenir, pour nous mettre en quarantaine, les Iraniens, les Coréens et les Nigériens, mais pas les Italiens. A l’hôpital, ils nous ont mélangés alors qu’on ne savait pas qui était malade et qui ne l’était pas. Nous avons juste contesté cette décision. »

La diplomatie iranienne conteste la version hongroise

La diplomatie iranienne conteste la version hongroise. Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a exprimé son profond regret concernant cette décision de la Hongrie. « Ce que les autorités hongroises appellent une violation des protocoles de santé est, en fait, l’objection des étudiants aux mauvaises conditions de quarantaine dans un hôpital de Budapest où des individus infectés et en bonne santé étaient maintenus au même endroit », a déclaré Seyed Abbas Mousavi lors d’une interview avec l’agence de presse ISNA.

« Malheureusement, trois étudiants ont été emmenés dans un camp de migrants dans des conditions épouvantables, avant de rentrer dans leur pays par crainte du coronavirus à la demande de leurs familles et grâce aux bons offices de l’ambassade de la République islamique d’Iran », a ajouté le diplomate. Le ministère iranien des Affaires étrangères avait demandé « fermement aux responsables hongrois de reconsidérer le verdict et de préparer les conditions permettant aux étudiants iraniens de poursuivre leurs études ». En vain.

« Nous ne doutons pas que notre client est victime d’un procès-spectacle politiquement motivé ».

Des boucs-émissaires

L’ONG Comité Helsinki dénonce un « procès-spectacle politiquement motivé ». Elle a défendu un des accusés, une étudiante en quatrième année de pharmacie.

La Haute-Cour de Budapest (Fővárosi Törvényszék) a rejeté son appel malgré le fait qu’elle « n’a commis aucune violation de la loi et les autorités n’ont présenté aucun élément de preuve concernant son comportement illégal présumé », selon un communiqué du Comité Helsinki.

« Les faits, le manque de preuves, la réfutation par la défense des accusations absurdes, la présomption d’innocence et même l’innocence apparente de notre client n’ont aucune importance », affirme l’ONG, qui conclue : « Nous ne doutons pas que notre client est victime d’un procès-spectacle politiquement motivé ».

Cette affaire n’est pas sans rappeler celle de Ahmed Hamed, un homme syrien condamné en 2016 pour « terrorisme » initialement à dix années de prison en Hongrie pour avoir pris part à une émeute lors de la crise des réfugiés en 2015. Il a été libéré aux deux-tiers de sa peine finalement réduite à cinq ans, après avoir été brandi dans les médias liés au pouvoir.

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