Ki kicsoda ? A quelques jours du scrutin législatif de ce dimanche 8 avril, petit tour d’horizon des principaux candidats en lice pour succéder à Viktor Orbán à la tête du gouvernement de la Hongrie. Qui sont-ils…d’où viennent-ils…et que veulent-ils ?
Viktor Orbán (Fidesz)
S’il est réélu comme le lui prédisent les sondages, Viktor Orbán, aujourd’hui âgé de 54 ans, aura passé plus d’un quart de sa vie à gouverner la Hongrie au terme de son prochain mandat et aura aussi gouverné le pays la moitié de son existence post-1989. Il est indéniablement la grande figure politique de la Hongrie post-communiste, artisan du changement de régime en 89, puis de l’intégration du pays à l’Otan en 98 et à l’Union européenne en 2004. Au pouvoir une première fois de 1998 à 2002, puis sans interruption depuis 2010, il se dirige vers un troisième mandat consécutif. Pour cela, Viktor Orbán se place en pourfendeur du libéralisme et en défenseur d’une Hongrie et d’une Europe menacée par les vagues migratoires. Chantre de l’ »illibéralisme« , l’actuel Premier ministre hongrois a grandement contribué à la radicalisation de la coalition conservatrice Fidesz-KDNP et de l’ensemble du spectre politique, imposant en Hongrie les thèmes chers à l’extrême-droite (immigration, euroscepticisme).
Gábor Vona (Jobbik)
« Ce qui menace la démocratie en Hongrie, ce n’est pas le Jobbik, c’est Viktor Orbán« , assurait il y a quelques jours le numéro deux du Jobbik au Courrier d’Europe centrale. Déboussolé par la radicalisation croissante du Fidesz, le parti a opéré un virage dans la seule direction possible pour un parti qui représentait une extrême-droite ultraradicale : vers le centre. Gábor Vona, 39 ans, ancien professeur d’histoire, président du parti depuis 2006 et député depuis 2010 a procédé à un nettoyage partiel du parti pour tenter de rompre avec son encombrant passé. Les thèmes historiques comme l’antisémitisme ou la « criminalité tsigane » sont mis de côté, au profit d’un discours plus consensuel à destination des déçus du Fidesz, de ceux qui ne voient pas d’alternative crédible à gauche et de la jeunesse hongroise. Les principaux chevaux de bataille de Gábor Vona, ce sont désormais la réforme du système d’éducation, l’égalité des salaires en Europe, et la lutte contre corruption en Hongrie. Pour gouverner, le Jobbik se dit même prêt à former une grande coalition anti-corruption avec les partis centristes LMP et Momentum.
Gergely Karácsony (MSzP)
Avec ses deux mètres de haut et son visage juvénile, il est difficile de rater Gergely Karácsony dans un rassemblement. Comme lors du 15 mars dernier où, très à l’aise et très applaudi par les anciennes générations socialistes, il a fait campagne pour un processus constituant et contre « l’Etat-Fidesz ». Il avait pourtant accepté à reculons d’être le candidat commun du Parti socialiste hongrois, le MSzP, et de Párbeszéd (« Dialogue »). D’origine modeste, grandi dans un village du nord-est de la Hongrie, ce politologue de 42 ans a fait partie de l’aventure LMP qui a conduit une poignée de jeunes au parlement au tournant des années 2010, avant d’en faire scission en 2013 avec Párbeszéd. Après quatre années à tenter de s’opposer au rouleau compresseur Fidesz au parlement, il s’engage localement. A la tête du 14e arrondissement de Budapest depuis 2014, il expérimente un revenu de base et diverses mesures progressistes en faveur du retour à l’emploi des populations les plus modestes. Il propose pour la Hongrie une politique sociale forte en faveur des bas revenus, qui sera financée par l’instauration d’un régime fiscal plus redistributif (contre la flat tax actuelle), et la création de nouvelles taxes sur les multinationales et les sociétés off-shore. Après les élections, la coalition MSZP- Párbeszéd aimerait bien réussir à coopérer plus étroitement avec LMP et DK…
Lire Le candidat de la gauche a présenté ses dix mesures phare.
Bernadett Szél (LMP)
Elle est la seule femme candidate au poste de Premier ministre. Bernadett Szél, 41 ans, originaire de Pécs, députée depuis 2012, co-préside le parti « La politique peut être différente » (LMP) fondé en 2009. Sous son impulsion principalement, ce petit parti budapestois, écologiste et altermondialiste, est devenu un parti centriste un poil conservateur et à tendance agrarienne, mais reste membre du parti vert européen. Bernadett Szél continue toutefois de prétendre que le LMP axe son action et son discours sur la lutte contre la corruption, et la ré-allocation des fonds publics et européens en faveur de l’éducation et de la jeunesse, ainsi que la réforme du système de santé. Bernadett Szél, qui a travaillé auprès de l’Institut de Statistiques hongrois, ou encore comme rapporteure auprès de l’UE, milite en faveur d’un développement durable et pour davantage de parité, elle qui a récemment déclaré vouloir plus de femmes au Parlement.
Ferenc Gyurcsány (DK)
Sa rivalité avec Viktor Orbán a marqué la vie politique hongroise des années 2010. Premier ministre de 2004 à 2009, considéré à l’époque comme le Tony Blair hongrois, il reste le visage des errements néolibéraux de la coalition sociale-libérale qui a gouverné la Hongrie de 2002 à 2010. Donné mille fois fini depuis son crash politique de 2006, il est toujours là, aujourd’hui à la tête de la Coalition démocratique (DK) qu’il a fondée après son départ du Parti socialiste après 2010. Bien qu’ayant obtenu un diplôme d’instituteur, et un autre en économie, ce chef d’entreprise présente le parcours typique d’un apparatchik qui a réussi. Il continue de promouvoir sa ligne sociale-libérale pour s’opposer à Orbán qu’il qualifie de « gros cochon corrompu« . Il affirme vouloir réparer les dégâts de l’orbánisme et rétablir l’Etat de droit et propose une séparation plus stricte entre l’Eglise et l’Etat, plus particulièrement dans le système éducatif.
András Fekete-Győr (Momentum)
Le jeune avocat de 28 ans est le benjamin de la classe politique. L’histoire du parti qu’il a fondé en 2015, débute vraiment avec la campagne « NOlimpia » qui s’oppose victorieusement à l’organisation des Jeux Olympiques 2024 à Budapest. Un crime de lèse-majesté pour le féru de sports qu’est Viktor Orbán qui lance le « En Marche hongrois ». Après avoir travaillé pendant plusieurs années à l’étranger, revenu en Hongrie en 2014, András Fekete-Győr ambitionne de représenter les générations Y et Z de la jeunesse hongroise. Ce parti libéral, composé principalement d’étudiants, ou de jeunes revenus au pays après une expérience en Europe de l’ouest, espère désormais rentrer au Parlement. S’inspirant du président français Emmanuel Macron, András Fekete-Győr ne reconnait pas de clivage gauche-droite, et prône une politique plus transparente, pragmatique et pro-européenne.
Lire notre entretien avec Katalin Cseh, membre de Momentum.
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