Une partie du personnel a quitté Origo.hu, l’un des principaux portails d’actualité de Hongrie, en signe de protestation contre sa nouvelle ligne éditoriale. Le média était passé il y a quelques mois sous le contrôle total du gouvernement et est à l’heure actuelle l’un de ses principaux outils pour tenter de convaincre l’opinion publique que George Soros ourdit un complot international contre la Hongrie.
Depuis plusieurs semaines, le média en ligne Origo.hu diffuse sur son site internet une véritable propagande au service du gouvernement national-populiste (Fidesz-KDNP). Pour protester contre cet état de fait, plusieurs journalistes (politiques, économiques et sportifs) ont quitté ou ont été exclus du site origo.hu, ainsi que toute la division technologique, le chef de la section gastronomique et le chef de la section photo, János Ostyáni. Le rédacteur en chef, Béla Zsadon, a quant à lui choisi ce moment pour prendre sa retraite (à 64 ans), refusant de confirmer les raisons de sa décision.
C’est la manipulation de photos qui a déclenché le mouvement de démissions. János Ostyáni affirme que les photographies prises lors de la manifestation sur la place des Héros, mercredi 12 avril, ont été remplacées en catimini par la même photo d’illustration publiée dans plusieurs médias pro-gouvernementaux sous le nom de différents photographes. Cette photographie prise depuis le siège du Fidesz dans Lendvay utca illustrant une faible mobilisation, en dépit des faits. « Nous n’avons pas encore été affectés par les changements [éditoriaux], mais la situation est devenue insupportable », a déclaré Ostyányi. Celui-ci a aussi déclaré qu’il « ne veut pas participer à la campagne qui nous attend jusqu’à 2018 ».
Origo est le portail d’actualité le plus populaire en Hongrie, aux côtés d’Index. La société liée au Fidesz New Wave Media a acheté Origo – jusque-là propriété de Magyar Telekom – en décembre 2015 pour 4,2 milliards de forint (environ 13 millions d’euros). Le journal hebdomadaire de droite Heti Válasz estime lui-même que Origo se trouve depuis sous contrôle total du gouvernement. Signe de la mise au pas du média : au soir de la grande manifestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes le 9 avril à Budapest, le site passait totalement sous silence l’événement, se contentant de diffamer une énième fois le milliardaire Philanthrope George Soros.
Les cris de la rue, le silence des médias pro-gouvernementaux