Viktor Orbán et le Fidesz sont dans le camp de la paix, l’opposition dans celui de la guerre. Tel est le message asséné par la propagande gouvernementale en Hongrie en amont des élections du 3 avril marquées par la guerre en Ukraine, développé dans cet article du journal pro-gouvernemental Magyar Nemzet.
Cet article de Ferenc Kis a été publié le 4 mars sur le site internet du Magyar Nemzet sous le titre A valódi hazaárulók.
Péter Márki-Zay a adressé une lettre au président ukrainien Volodymyr Zelensky dans laquelle il déclare, entre autres, que le candidat de gauche au poste de premier ministre est convaincu que l’intérêt fondamental du peuple hongrois de Transcarpathie est la « victoire d’une Ukraine indépendante et démocratique sur l’agresseur » et qu’il est fier des Hongrois incorporés dans l’armée ukrainienne qui participent à cette lutte héroïque.
Donc, au nom de l’opposition unie, Péter Márki-Zay se réjouit que nos compatriotes hongrois soient obligés de risquer leur vie en Ukraine. Nous savons que la guerre a déjà coûté la vie à un Hongrois servant dans l’armée ukrainienne.
Malheureusement, il n’est pas le seul, car cette guerre dure depuis huit ans dans la partie orientale de l’Ukraine, et nombre de nos compatriotes de Transcarpathie ont été contraints de sacrifier ce qu’ils ont de plus précieux, leur vie, pour le bien d’un État qui harcèle les Hongrois vivant sur son territoire et les traite comme des citoyens de seconde zone.
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Pour la gauche, les vies hongroises ne valent manifestement pas grand chose. Péter Márki-Zay appelant les personnes vivant de l’autre côté de la frontière des « zombies qui votent par correspondance », ne nous étonnons pas qu’il soit heureux de les voir en guerre. Mais pouvons-nous attendre quelque chose de ces gens qui enverraient des soldats hongrois en Ukraine et qui exigent que le gouvernement livre immédiatement des armes au front ?
La lettre de Márki-Zay [à Zelensky, Ndlr.] traduit aussi un autre phénomène extrêmement déprimant et inquiétant, qui n’est pas propre à la gauche hongroise. Malheureusement, une grande partie de l’élite européenne a été aspirée et aveuglée par le récit de la machine de propagande américaine, qui oppose l’innocente Ukraine « démocratique » à la satanique Russie dictatoriale.
Le même disque rayé de film hollywoodien qui tourne depuis des décennies.
Le même disque rayé de film hollywoodien qui tourne depuis des décennies, et l’Europe y croit à nouveau, ou plutôt elle doit y croire. Elle n’a pas tiré les leçons de l’invasion américano-britannique de l’Irak fondée sur un mensonge, puis de la subversion de la Syrie, de la Libye et d’autres pays par des coups d’État appelés « printemps arabe », qui ont fait des centaines de milliers de victimes, sous couvert d’exportation de la démocratie, et dont le seul « résultat » a été le renforcement de l’organisation terroriste État islamique.
Mais une fois de plus, les scénaristes ont distribué les rôles, décidé qui est le gentil et le méchant, et tout le monde doit rentrer dans le rang. Quiconque émet des doutes sur le bien-fondé du casting, quiconque ne croit pas notre grand leader d’outre-Atlantique et dans le brillant avenir qu’il nous propose, est un traître, un agent de Poutine, un ennemi de la démocratie.
Rappelez-vous, c’est à peu près ce à quoi ressemblait le camp de la paix communiste dirigé par les Soviétiques. Aujourd’hui, cependant, il n’y a pas d’Union soviétique, et je voudrais donc souligner que les minorités en Ukraine ont été piétinées – littéralement piétinées – depuis de nombreuses années, que même les seigneurs de la guerre du Sud-Soudan trembleraient devant l’État de droit [ukrainien – Ndlr.], et que le niveau de corruption a alarmé les bureaucrates de Bruxelles qui sont les plus ardents défenseurs de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE.
Malgré tout cela, on considère à l’Ouest qu’il va de soi que tout le monde doit se ranger du côté de l’Ukraine en lui fournissant de l’argent et des armes, quand bien même les Ukrainiens ne sont membres ni de l’OTAN ni de l’UE.
L’Europe n’a absolument aucun intérêt dans cette guerre, et à un conflit armé avec la Russie. Même une guerre froide est éminemment contraire à nos intérêts. Quels intérêts sont servis par ce bellicisme plutôt que par le rétablissement rapide de la paix ?
La question est rhétorique, mais la réponse est claire.
Lorsque la gauche dit de Viktor Orbán qu’il est un traître pour ne pas avoir envoyé d’armes en Ukraine, nous devrions toujours nous souvenir des intérêts de ceux qui veulent plonger notre pays et toute l’Europe dans la guerre. Ils sont les véritables traîtres à notre pays et, en fait, ils sont les véritables traîtres à l’Occident.