Dans un discours tenu ce mardi devant la chambre de commerce et d’industrie, le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a défendu le « succès » de sa politique économique. Alors que la Hongrie est confrontée à une importante pénurie de main d’oeuvre, le dirigeant conservateur a estimé « important » de sauvegarder la « monochromie culturelle » du pays.
Viktor Orbán l’a martelé ce mardi lors de son discours annuel sur l’état de l’économie hongroise : il assume une politique qui conforte l’identité agraire du pays ainsi que la « monochromie culturelle » comme levier de croissance. En dépit de l’émigration importante de la main d’œuvre qualifiée vers les pays occidentaux, le Premier ministre hongrois a mis en garde contre le recours à une immigration de travail pour compenser les pénuries de bras, évoquant « la défense nécessaire de l’homogénéité ethnique » du pays. Le chef du gouvernement a préféré évoquer la possibilité d’encourager la sollicitation transitoire de travailleurs étrangers tout en défendant l’idée selon laquelle « si la Hongrie confie tous ses emplois peu qualifiés à des immigrés, à la fin, plus le pays s’enrichira, moins il pourra fournir de travail à ses ressortissants ».
Pour le dirigeant hongrois, « il n’y a pas de problèmes avec [sa] politique économique, même si beaucoup sont tentés de la ternir ». Ragaillardi par une croissance à 2%, supérieure d’un demi-point à la moyenne européenne, Viktor Orbán a reconnu que les efforts restaient devant les Hongrois. « Si nous continuons sur le même rythme que ces six dernières années, cela ne suffira pas », a-t-il notamment déclaré, selon des propos rapportés par HVG. Pour le Premier ministre, l’enjeu est de préserver les intérêts vitaux de la Hongrie « que Bruxelles cherche à sanctionner », évoquant notamment le projet de liaison ferroviaire à grande vitesse entre Budapest et Belgrade, objet d’un massif investissement chinois. « Le monde a changé » a-t-il également déclaré pour justifier la réorientation de la stratégie commerciale du pays vers l’Asie centrale et orientale.
Sanctionner « les pays qui maltraitent les Hongrois »
Viktor Orbán a également réitéré ses critiques contre le projet autrichien de moduler le niveau d’allocations familiales en fonction des minima sociaux des pays d’origine des ressortissants européens. Selon des propos prononcés vendredi dernier et rapportés par Kurier, le dirigeant hongrois reproche à l’Autriche « de détricoter sournoisement les traités européens ». Ceux-ci auraient, une fois n’est pas coutume, quelque vertu pour le maître de Budapest, dont celle de garantir la mobilité des Européens, surtout ceux originaires d’Europe centrale et orientale. « Si des pays sont tentés de discriminer les travailleurs hongrois, la Hongrie appliquera le principe de réciprocité à leurs ressortissants », a-t-il déclaré aujourd’hui devant la Chambre de commerce et d’industrie.