L’ancien Premier ministre roumain Victor Ponta a considéré sur la chaîne de télévision publique hongroise M1 qu’il existe « des systèmes de pouvoir parallèles à celui des autorités politiques dans les démocraties post-1989 », rapporte la MTVA qui chapeaute les médias publics en Hongrie.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán n’est pas seul dans sa fronde contre les activités philanthropiques du financier George Soros en Europe centrale et orientale. Dans une interview publiée le 9 avril sur le site ParlamentníListy.cz, le président tchèque Miloš Zeman s’est prononcé contre l’éventualité d’un déménagement de l’Université d’Europe centrale de Budapest à Prague. Miloš Zeman associant le nom de George Soros aux « révolutions de couleur » et au « Maidan », en référence à des mouvements citoyens ayant abouti à la chute de gouvernements dans plusieurs pays de la région.
Le week-end dernier, c’est Victor Ponta – Premier ministre de Roumanie de 2012 à 2015 et Président du Parti social-démocrate (PSD) de 2010 à 2015 – qui a abondé dans le sens de Viktor Orbán, lors d’une interview diffusée sur la Magyar Televízió. « Il existe des systèmes de pouvoir parallèles à celui des autorités politiques dans les démocraties post-1989 », composés, selon lui, d’organisations non-gouvernementales, d’universités et d’autres structures.
Le parallèle ainsi réalisé par la M1 entre la Hongrie et la Roumanie, entre Viktor Orbán et Victor Ponta, n’est-elle pas un aveu involontaire : le premier craint-il de connaître le sort qui fut réservé au second accusé de corruption, de fraude et d’évasion fiscale ? A l’automne 2015, des dizaines de manifestants avaient réclamé et obtenu sa démission.
Le réseau de Soros pourrait-il avoir eu directement ou indirectement un rôle dans l’éviction de Ponta du pouvoir fin 2015 ? Il y a « des signes » qui peuvent le suggérer, a laissé entendre l’invité. Selon M. Ponta, « des groupes civils investissent la scène politique, dont l’examen révèle qu’ils ont été formés et financés par les mêmes organisations ». La ficelle est grosse, pour la chaîne de télé publique hongroise qui présente les opposants hongrois qui manifestent depuis deux semaines à Budapest comme des agents de Soros.
« Ponta a embrassé le populisme si cher à Orbán »
Contacté par Hulala, un journaliste roumain qui souhaite garder l’anonymat explique : « Depuis les élections [législatives de décembre 2016, ndlr], Ponta flirte avec le populisme et une sorte d’extrémisme de droite embryonnaire. Il a toujours une très mauvaise image ici et il multiplie les gestes de fronde pour se faire remarquer. Il a embrassé le populisme si cher à Orbán. Voilà pourquoi il s’est rallié à la contestation contre Soros. Sur ce point, Liviu Dragnea [successeur de Ponta à la tête du PSD, ndlr] commence à se rapprocher de lui. Il a accusé le milliardaire d’avoir payé les protestataires lors des manifestations géantes de janvier et février, et pense que Soros veut le renverser. »
Au début du mois de mars, Victor Ponta avait estimé que l’Europe unie n’est plus qu’un leurre et que l’intérêt de la Roumanie était de rejoindre le groupe de Visegrad (Adevarul).
« En réalité, la Roumanie cherche à ne pas se détacher du noyau dur de l’Union européenne. Je ne sais pas comment elle va s’y prendre, mais c’est en tout cas ce qu’elle veut…, reprend le journaliste roumain. Le V4, ou plutôt ses pays membres, ont une image très mitigée en Roumanie. Une certaine partie de la population envie « l’indépendance » qu’il manifeste, mais une autre partie – et pas petite – regarde avec crainte ce qui se passe en Hongrie et en Pologne. Et puis, le rapprochement de la Hongrie, de la République Tchèque et de la Slovaquie avec la Russie est très très mal vu. »
Photo d’illustration représentant Victor Ponta lors d’un débat télévise sur Antena3 en novembre 2014 (Crédit photo : Partidul Social Democrat, via Wikimedia Commons)