Les petits questionnaires bleu sont de retour dans les boites à lettres des Hongrois ! Le gouvernement de Viktor Orbán veut retrouver de l’impulsion avec une nouvelle consultation nationale auprès de l’électorat. Immigration, mais aussi Justice sont au programme.
Le Fidesz a annoncé le lancement d’une nouvelle consultation nationale des électeurs. Elle portera notamment, selon toute vraisemblance, sur deux sujets d’actualité qui ont fait les choux gras de la presse pro-gouvernementale depuis le début de l’année : le versement d’indemnités pour des prisonniers et pour des Roms.
L’annonce a été faite à l’issue d’un rassemblement de la faction Fidesz-KDNP à Balatonfüred mercredi et jeudi. C’est Viktor Orbán qui s’en est chargé lors de son discours annuel. La presse n’était pas conviée, mais les médias ont eu vent de ce que contiendront les questionnaires qui vont arriver dans les boites aux lettres dans les prochaines semaines.
Outre des questions redondantes portant sur la politique d’immigration et la protection des frontières, il s’agira notamment de solliciter l’appui des électeurs dans le bras de fer entre le gouvernement et la justice. Depuis le début de l’année, le Fidesz a en effet pris en grippe le système judiciaire, trop laxiste à son goût. Il s’oppose à deux décisions récentes.
La première prévoit l’indemnisation de détenus qui ont obtenu gain de cause auprès de la Cour européenne de Justice en raison de conditions de détentions jugées inhumaines (comme la France, la Hongrie connait une forte surpopulation carcérale).
La seconde concerne l’indemnisation de soixante élèves qui ont fait l’objet de discrimination à l’école de Gyöngyöspata, un village du nord du pays, en raison de leur origine rom. Après un combat juridique long de plusieurs années, le Tribunal de Miskolc a tranché en faveur des élèves et condamné l’État et la commune, une décision appuyée et rendue définitive par la Cour suprême. Lors de sa conférence de presse internationale au début du mois de janvier, Viktor Orbán a contesté cette décision de justice et son gouvernement y fait obstruction depuis.
Les questionnaires pourraient introduire de nouveaux sujets électoraux tels que la corruption des juges. Cela signifie-t-il que le Fidesz lorgne sur une mise sous tutelle de la justice comme l’a réalisée le Gouvernement Droit et Justice (PiS) en Pologne ? Il est trop tôt pour le dire.
Le Fidesz a eu recours plusieurs fois par le passé à de telles « consultations nationales » qui lui permettent d’imposer son agenda médiatique et d’asphyxier tout autre débat public pendant plusieurs semaines Leurs questions sont souvent très orientées. De l’avis des analystes politiques, le parti cherche à reprendre la main pour enrayer la bonne dynamique des partis d’opposition qui se sont coalisés avec succès pour gagner la « bataille de Budapest » aux municipales le 13 octobre dernier.