A partir d’aujourd’hui, du 10 au 17 août, débute Sziget, le plus grand et prestigieux festival de Hongrie situé sur la mythique île d’Óbuda.
La présence des ingrédients qui ont fait son incroyable succès lors des éditions précédentes est évidemment assurée pour la 24e : un décor de rêve – un îlot de plus de 100 hectares – un plateau de stars internationales, une plénitude de programmes musicaux, artistiques ou sportifs, un éclectisme unique en son genre en Europe… L’édition 2016 devrait un nouvelle fois attirer un nombre impressionnant de spectateurs venus des quatre coins de la planète.
En invitant Rihanna, l’organisation de Sziget a frappé un énorme coup marketing. La présence de l’artiste la plus visionnée sur YouTube en 2015, omniprésente sur les réseaux sociaux, a en effet engendré un «buzz» sans précédent pour le festival hongrois. Lors du concert de la natif de la Barbade, ce jeudi, Sziget devrait faire «île comble» avec 90 000 visiteurs – soit la limite de capacité d’accueil du festival – selon l’un de ses créateurs Károly Gerendai.
Cependant, le concert de la «superstar» n’explique pas à lui seul le succès annoncé de cette édition tant la programmation pendant ces 7 jours de fêtes s’annonce prestigieuse, variée et festive : M83, Muse, Naughty Boy, Parov Stelar, Sigúr Ros, Noel Gallagher, Sia, Crystal Castle… Nul doute qu’en 2016, le chiffre record de 441 000 entrées de l’année dernière devrait être dépassé.
Au milieu de ces milliers de festivaliers, venus de plus de 90 pays différents, se trouveront en majorité des ressortissants du Royaume Uni, d’Allemagne ou d’Hollande, des pays dans lesquels les «pass» se vendent comme des petits pains. Les français seront également, comme leur habitude, très bien représentés pendant ce Sziget. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs d’ores et déjà pris place dans le non moins festif 7e arrondissement de Budapest, histoire sans doute d’avoir un avant-goût de ce qui les attends à «Ziget». Les francophones ont en effet tendance à prononcer le Sz de Sziget avec un [z] au lieu d’utiliser le [s] qui s’y prête de manière correcte. Une erreur de prononciation qui a l’art de faire esquisser des sourires à la population locale dans les transports publics de Budapest.
Dans quelques jours, cette même population locale recroisera sans doute les «Franciák» sur les scènes endiablées de l’île d’Óbuda. Mais si la nationalité hongroise demeure la plus représentée à Sziget, il semble plus difficile aujourd’hui pour un magyar de participer au festival que par le passé. Car si le prix du «pass» demeure très abordable pour les festivaliers occidentaux, il reste toujours un peu «corsé» pour la faune locale. Il semble loin le temps où les étudiants hongrois se voyaient offrir des «tickets journée» après avoir rempli un grand sac plastique de détritus lors d’un concert sur l’île… Depuis quelques années, certains Hongrois déplorent le fait que le festival local qu’ils aimaient tant, soit devenu une véritable machine de guerre économique dans laquelle le coût des tickets et des consommations sur place a augmenté beaucoup plus rapidement que leur pouvoir d’achat… Dès lors, il n’est pas rare de rencontrer, en août, ici et là, dans les villages avoisinant le lac Balaton, des trentenaires ou quarantenaires pestois (de Budapest, ndlr) fuyant un festival qu’ils chérissaient par le passé mais dans lequel ils ne se reconnaissent plus…
Cela dit, pour les plus jeunes générations magyares – celles n’ayant pas connu le festival dans les années 1990 et le début des 2000- le Sziget reste une référence, voire même une institution. Le festival est une vitrine prestigieuse pour leur pays et leur offre un moyen simple de s’ouvrir sur le monde tout en s’éclatant ! N’hésitez pas à vous poster demain à l’entrée de l’île pour voir les yeux pétillants et l’extrême excitation des jeunes adolescents magyars sur le point de participer à leur premier Sziget. Vous comprendrez vite que, bien qu’il ne fasse peut-être plus l’unanimité en Hongrie, le Sziget a encore de beaux jours devant lui.