Slovaquie : le Premier ministre Matovič aussi, a plagié son mémoire de fin d’études

Après le président du parlement puis le ministre de l’Éducation, c’est au tour du Premier ministre lui-même d’être accusé d’avoir plagié son mémoire de fin d’études. Drôle d’ambiance dans la classe politique en Slovaquie.

Tous des tricheurs dans le gouvernement d’Igor Matovič ? Le jeune chef du gouvernement slovaque a appris la mauvaise nouvelle la semaine dernière, depuis Bruxelles où il participait au sommet européen sur le futur budget et le plan de relance de l’économie. Après le président du parlement, puis le ministre de l’Éducation, le voici à son tour mis en accusation par Denník N. Le journal indépendant a réussi à avoir accès à son mémoire de fin d’études dont la rumeur disait qu’il n’était guère plus qu’un vulgaire plagiat. Verdict : sur les 79 pages du mémoire rédigé en 1998 et portant sur la fiscalité des entreprises, Igor Matovič n’aurait véritablement écrit que les deux premières pages de l’introduction… Le reste est une compilation de deux ouvrages d’économistes slovaques, référencés qu’à la marge.

« Je suis un voleur dans cette affaire ».

Voilà de quoi embarrasser quelque peu celui qui est devenu premier ministre au mois de mars au terme d’une campagne populiste dirigée contre toute la classe politique et les « voleurs ». Entre deux post facebook consacrés à sa découverte de Bruxelles, le chef du gouvernement a rapidement réagi aux révélations de Denník N, avec son franc-parler coutumier : « Je suis un voleur dans cette affaire ». Les médias slovaques ne se privent pas de rappeler la position intransigeante de son parti, l’OĽaNO, lorsqu’il y a un an et demi le président du parlement, Andrej Danko s’était fait pincer pour avoir usurpé – ce qui est plus grave – sa thèse de doctorat. « Dans un pays normal, les politiciens démissionnent », avait claironné OĽaNO. N’en concluons pas trop vite qu’Igor Matovič compte démissionner. S’il démissionne, ce ne sera « pas avant d’avoir tenu les promesses que j’ai faites avant les élections », a-t-il déclaré, assez vaguement.

Appels à démission

Ses prédécesseurs à la tête du gouvernement, Peter Pellegrini et Robert Fico, désormais rivaux, l’ont tous deux appelés à la démission. Dans le concert de critiques, c’est la voix de Robert Fico, fraichement réélu à la tête du Smer-SD lors du congrès du parti à Bratislava samedi, qui porte le plus. « Nous voulons être un parti d’opposition féroce comme un bouledogue, qui prendra le gouvernement à la gorge. Nous ferons tout notre possible pour lui mordre l’artère carotide », a aboyé Robert Fico.

Matovič n’est pas seul dans ce cas. Plus tôt au printemps c’est le nouveau président du Parlement, Boris Kollár, du parti Sme Rodina (Nous sommes une famille), qui avait dû faire face à des accusations similaires. Une motion de défiance contre lui au parlement n’avait pas abouti. Puis, à peine achevé le feuilleton Kollár, ce fut au tour d’un ministre d’être pointé du doigt, au début du mois de juillet. Pas n’importe quel ministre, celui de l’Éducation, Branislav Gröhling ! Son mémoire de fin d’études serait, de l’avis des experts qui l’ont consulté, « une compilation d’éléments de plagiat ». Sale temps pour les tricheurs dans la classe politique slovaque…

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