Comme prévu, le gouvernement hongrois a décidé, mercredi, d’assurer à la compagnie de transports publics de Budapest (BKV) une garantie de l’Etat pour supporter ses 63,1 milliards de forints de prêts cumulés (215 millions d’euros) qui arrivent à échéance les uns après les autres cette année. Une condition à ce soutien : que Budapest assume une responsabilité conjointe et solidaire de la dette avec l’Etat. Nul doute que l’Etat aura désormais un regard beaucoup plus précis sur les comptes. La décision prévoit également un financement approprié des frais de fonctionnement immédiats de la compagnie.
Il ne fallait pas dramatiser : le gouvernement n’allait pas laisser tomber le maire de Budapest et sa compagnie de transports publics à l’agonie. Les bisbilles entre Istvan Tarlos (le maire) et Viktor Orbán (le Premier ministre) relèveraient donc du passé et les jérémiades des uns et des autres ne leur auraient servi qu’à gagner (ou à perdre) du temps.
Les équipes du maire de Budapest ont entamé des négociations avec les banques qui prennent la BKV à la gorge depuis plusieurs semaines. Le 19 mars, avec un délai de 5 jours accordé grâce à une garantie de l’Etat sur le principe, Budapest a pu rembourser in extremis son prêt de 5 milliards de forints contracté auprès de la banque Unicredit, évitant ainsi la catastrophe. Il reste donc 54 milliards HUF à rembourser dans les semaines et mois qui viennent, et cela serait bien sûr impossible sans le secours de l’Etat.
Nouvelle taxe sur les sociétés de services de la capitale
Concrètement, au-delà de la promesse de garantie, c’est notamment grâce à une série de dispositions légales permettant de nouvelles impositions sur les sociétés de télécommunications et de services (eau, gaz et électricité) que le conseil municipal de Budapest peut maintenant envisager un plan de sauvetage sur le long terme. Les nouveaux mécanismes de financement sont d’ailleurs encore à l’étude entre le gouvernement, la municipalité et la BKK (holding qui chapeaute tous les transports urbains de l’agglomération de Budapest, dirigée par un membre de la famille du Premier ministre, David Vitézy).
La Fidesz avait déjà proposé une loi obligeant l’ensemble des sociétés à prendre en charge le prix du transport en commun de leurs employés à partir de juillet prochain. Jusqu’à maintenant, les entreprises devaient contribuer jusqu’à 86% des frais de transport de leurs salariés. La nouvelle loi élargirait la contribution des employeurs, en les faisant payer au moins 86% des frais de transport de leurs employés.
Le nouvel impôt serait une sorte de taxe spéciale prélevée sur les sociétés dont les conduits d’utilité publique ou câblages parcourent le sol de la capitale. La taxe serait fixée selon la longueur (en mètres). Les entreprises concernées seraient donc certains diffuseurs de télévision, les opérateurs informatique ou téléphoniques, ainsi que les distributeurs d’eau, d’électricité, de gaz, ainsi que le traitement des eaux usées (égoûts).
NDLR : Dans le cas de la distribution de l’eau par exemple, cette taxe spéciale ne devrait pas servir unilatéralement les intérêts de la municipalité. La reprise en mains du réseau (Budapest Vizmuvek Zrt.) par la ville de Budapest au détriment de multinationales comme Suez Environnement (voir notre article du 28 mars) soulève déjà des soupçons de corruption. En effet, certains oligarques proches du pouvoir gouvernemental et de Viktor Orban lui-même, seraient sur le coup pour investir et pour remporter l’appel d’offre de ce marché public. Une manne dont le profit mériterait bien quelques rétributions…
Un budget de 70 milliards HUF par an pendant 8 ans
« Si la plus grande compagnie municipale était insolvable, et que son propriétaire ne pouvait l’aider, alors cela voulait dire que la municipalité elle-même était devenue insolvable. Et si le gouvernement ne peut rien faire contre l’insolvabilité de la plus grande collectivité locale du territoire, alors c’est la souveraineté du pays qui est en défaut » a prévenu Lajos Dorner, président de la VEKE (association non gouvernementale pour les transports urbains fondée par le même Dávid Vitézy), début mars.
En janvier, le gouvernement avait décidé de « jouer la montre » jusqu’au mois d’avril… A l’époque la VEKE expliquait que le gouvernement retenait les aides d’urgence car le contrat public de la BKV prenait fin en avril. D’ici là, il fallait de toute façon ériger un nouveau plan de financement en accord avec les directives de l’Union européenne, qui exigent de Budapest et de l’Etat que toutes les pertes des opérateurs de transports en commun soient couvertes jusqu’au dernier forint.
L’Etat réagit donc en temps voulu, mais selon les experts, il devra aussi prévoir un budget de 70 milliards de forints par an pour la BKV, pendant 8 ans. Selon les estimations de la BKK, maintenir le service de transports publics coûtera quelques 139 milliards de forints en 2012, tandis que la BKV ne peut espérer gagner que 50 milliards par la vente de titres de transports.
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bref on a encore jouer a se faire peur ^_^
pas comme avec malev (qui a fait faillite en moins d’une semaine… alors que ca devait etre plus que latent, mais personne n’en a parlé avant ^_^)
mais avec malev, d’autres compagnies aeriennes pouvaient la remplacer alors que la BKV personne ne peut la remplacer.
donc techniquement il fallait la sauver, ce qui semble en cours.
c’est une technique habituelle de faire peur avec des problemes deja connus, ca permet de focaliser les medias et leur evite d’avoir a gratter ailleurs pour avoir du grain a moudre…
le principe du prestidigitateur: detourner l’attention ^_^
jouer -> joué
(j’ai beau me relire avant de poster, je reste une passoire 🙁 )
@ le_blutch
Rassurez-vous, nous sommes tous des passoires