« Que la lumière soit faite »… à Esztergom

Jeudi 16 décembre, le prestataire d’électricité a enfin rallumé tous les éclairages publics d’Esztergom. A cause d’impayés s’élevant à 80 millions de forints (presque 300 000 euros) auprès de la compagnie Tivi, la ville avait été plongée dans le noir pendant plusieurs jours fin novembre. Début décembre, pour des raisons de sécurité publique, la lumière était revenue, mais pas dans tous les quartiers. La raison du retour total de la lumière en début de semaine dernière reste obscure, mais les élus Fidesz n’ont pas manqué de tenir la nouvelle mairesse pour responsable des 3 accidents, dont un mortel, qui se sont produits au cours de cette quinzaine.

Depuis les élections municipales, la mairie d’Esztergom est devenue un des plus grands théâtres tragi-comiques de Hongrie. La gestion calamiteuse des affaires municipales avant l’arrivée d’Eva Tétényi  (indépendante) au pouvoir a éclaté au grand jour, et les scandales internes entre l’équipe Fidesz du député actuel (l’ancien maire Tamas Meggyes ) et Eva Tétényi n’ont cessé de pleuvoir. Cette dernière souffre d’un travail de sape qui l’empêche tout bonnement de travailler. L’ambiance aux Conseils municipaux a tourné au grotesque à chaque fois. A cet imbroglio politique local, les dettes de la ville ont aussi fait parler d’elles, à tel point que les rues n’ont pas été éclairées, au moment de l’année où les journées sont les plus courtes.

Les conditions du blackout

Dans la nuit du 24 au 25 novembre, les réverbères d’Esztergom, dont ceux de l’artère principale, se sont subitement éteints. Cela faisait près d’un an que la ville accumulait les impayés auprès de Tivi, son prestataire d’électricité. Le 26 novembre, la ville a été placée sous l’autorité d’un commissaire aux comptes, selon une décision du Tribunal du « megye » (département) de Komarom-Esztergom. Depuis, c’est la société Cont(o)-roll de Budapest qui est chargée de cette tâche. Cette mesure, qui précède généralement la mise sous tutelle d’une commune, induit qu’un audit soit effectué par Cont(o)-roll. Pour régler cette situation, le groupe Fidesz du conseil municipal a émis l’idée de contracter un nouveau crédit. Mais Eva Tétényi a refusé. Cette mesure signifie également que les conseillers municipaux ne verront pas la couleur de leurs primes pendant la période de la procédure.

Selon Tamas Meggyes, qui ne manque apparemment pas de culot, la nouvelle mairesse doit assumer les responsabilités de ce qu’il considère comme « une faillite inévitable » de la ville. Le comble de la démocratie locale, est qu’un élu d’extrême droite ait entrepris de réconcilier tout le monde. Andrea Stámusz (Jobbik) a annoncé qu’après avoir collecté des signatures d’habitants, il les avait envoyé au Premier ministre Viktor Orban afin qu’il appelle les siens – les élus du parti majoritaire, la Fidesz – à coopérer avec Tétényi (photo ci-contre).

De son côté, Eva Tétényi s’est voulue rassurante pour ses administrés. Même si la ville ne dispose toujours pas des fonds nécessaires pour régulariser sa situation, la mairesse a tout de même réussi à engager des pourparlers avec Tivi et E. ON pour que l’éclairage revienne dans les rues.

Eclaircissements sur les micmacs de l’ancien maire

Tamas Meggyes, député et ancien maire Fidesz d'Esztergom Fidesz.hu

A propos de lumière, ce sont surtout les agissements de Tamas Meggyes qui auraient bien besoin d’éclairage. Aujourd’hui député et conseiller municipal, il avait signé, lors de son mandat de maire, un contrat plus que juteux avec l’une de ses “amies”. Cette dernière percevait 1% sur chaque transaction immobilière effectuée par la municipalité. Ventes et achats. Sur les ventes, on l’entend bien, plus l’affaire représente un montant important mieux c’est pour elle mais aussi pour Esztergom. Mais sur les achats, c’est là où le bât blesse. Car ici aussi, plus le montant est élevé, plus l’amie du maire touche d’argent. Et la ville dans tout ça ? Elle a fait l’acquisition de terrains pour des prix scandaleusement onéreux, sans réelle justification, comme par exemple des terrains proches de la résidence secondaire de Meggyes. Hormis lui assurer sa tranquillité, l’achat de ces terrains n’était pas franchement utile à la municipalité.

A noter également des appartements bradés, de mauvaises transactions pour Ezstergom, mais qui se sont révélées être très avantageuses pour les acheteurs, qui n’étaient autres que Meggyes lui-même et un conseiller municipal Fidesz. Bien entendu, la fameuse “amie” de Meggyes n’était pas la seule sur ces coups immobiliers : le notaire en charge des aspects juridiques des transactions et trois directeurs d’autres services se sucraient au passage.

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Isma Hassaine Poirier

Journaliste

Membre de la rédaction de Hulala. Correspondante basée à Londres. Diplômée en science politique et en journalisme. Spécialisée en actualité politique et sujets de société.

1 Comment
  1. comment voulez vous que ces gens respectent leur administres alors qu’ils ne se respectent pas eux-meme ?
    ( il se plaind des problemes qu’il a lui-meme cree )

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