Municipales en Hongrie : la campagne s’embourbe dans les scandales

A chaque jour son lot de révélations scandaleuses dans cette campagne pour les élections municipales qui se déroulent ce dimanche en Hongrie et à l’issue desquelles le Fidesz espère conserver les grandes villes du pays, à commencer par Budapest.

Les partis d’opposition, du Jobbik au Parti socialiste (MSZP) en passant par la Coalition démocratique (DK) et le parti vert Dialogue, tiennent leur chance d’ébranler un peu l’hégémonie du Fidesz. Les sondages serrés à Budapest entretiennent en tout cas l’espoir pour eux de ravir la capitale au Fidesz pour en faire la base arrière d’une future reconquête. Leur campagne est bien meilleure, plus visible et plus solide qu’en 2014, quand le parti au pouvoir avait raflé toutes les villes d’importance à l’exception de Szeged.

Si tous réunis derrière un candidat unique, en la personne de Gergely Karácsony, ils ne réussissent pas à faire déjouer le parti de Viktor Orbán, alors les perspectives seront bien sombres pour le pays, estime le politologue Gábor Török. Problème pour eux, leur candidat a bien dû mal à se faire entendre et à faire passer ses messages en faveur d’un Budapest « plus libre, plus vert et plus solidaire », au moyen notamment d’une nouvelle politique du logement.

A Budapest, des soupçons de « barbouzerie » contre le candidat de l’opposition

Car le Fidesz a choisi de « bordéliser » la campagne. La presse tabloïd et locale, tout entière aux main du Fidesz, s’en donne à cœur joie dans la diffamation des opposants, accusés par exemple de harcèlement sexuel, comme le candidat à la mairie du 11e arrondissement de la capitale ; Des agents municipaux des mairies Fidesz ont été pris la main dans le sac, en train d’enlever les affiches de l’opposition ; Les locaux de campagne de l’opposition ont été perquisitionnés par la police, qui n’y a rien trouvé d’illicite, dans le 8e arrondissement ; Des militants de Fidelitás, l’association des jeunes du Fidesz, perturbent les meetings de leurs adversaires ; etc.

« L’affaire la plus sordide depuis le changement de régime ».

Un tabou est tombé

Dans cette campagne à l’atmosphère délétère, des pratiques tout à fait inédites en Hongrie ont fait leur apparition. Les habitants de Budaörs, une ville de la banlieue aisée de Budapest, ont reçu dans leur boite à lettres des courriers les invitant à consulter sur internet une vidéo pornographique de leur maire, Tamás Wittinghoff, en compagnie d’une personne présentée comme une prostituée. Le maire de la ville depuis 1990, seul opposant au Fidesz pour ce scrutin, a expliqué être tombé dans ce piège il y a quatre ans et que la diffusion de la vidéo avait été précédée de chantage. C’est, selon lui, « l’affaire la plus sordide depuis le changement de régime ». Mais en tout cas pas la dernière…

En effet, un montage vidéo diffusé sur le site internet de la chaîne privée de droite HirTV montre un représentant de quartier du Parti socialiste dans le 19e le nez dans un sac de poudre blanche suspecte. On entend Csaba Lackner, c’est son nom, vanter le train de vie que permet la corruption locale.

Mais depuis le week-end dernier, c’est vers Győr, la sixième ville par la taille, située dans le nord-ouest du pays, et les frasques suspectes de son maire, que se tournent les regards. Vendredi, un blogueur anonyme a révélé une photo et une vidéo où l’on voit Zsolt Borka, le maire Fidesz de la ville, en pleine partie de jambes en l’air sur un yacht dans l’Adriatique avec à son bord drogues et prostituées. Le blogueur décrit aussi le schéma de corruption locale qui permettrait à l’édile de se payer ces frasques. Cela sans aucune preuve à l’appui pour l’heure, mais avec une précision dans les allégations qui sont confondantes et dont ses opposants se sont immédiatement saisis. Derrière cette affaire de mœurs, un scandale de corruption ? L’avenir le dira…peut-être.

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