La gauche libérale attaque Orbán à Bruxelles

Après presque un an dans l’ombre du Fidesz de Viktor Orbán, l’opposition de gauche libérale hongroise ne se remet pas de sa défaite par K.O aux élections l’an dernier.  Depuis quelques mois, elle a timidement tiré la sonnette d’alarme sur les réformes constitutionnelles importantes que la « supermajorité » au Parlement allait offrir à Orbán. Depuis le début de la présidence hongroise, elle en profite pour « débattre » sur le terrain européen, mais pas toujours de façon très glorieuse. Quant à l’ancien premier ministre démissionnaire Ferenc Gyurcsány, il refait surface en partie grâce à l’Europe, avec un premier jet d’attaques personnelles sur Orbán et sa présidence de l’UE cette semaine.

Le MSzP manque visiblement d’inspiration et d’entraînement sur le terrain politique national, car ses « débats » sur la présidence tournante se sont vite réduits à une simple campagne de dénigrement contre le gouvernement auprès des institutions européennes. Cela a commencé en janvier, par une lettre du parti adressée au Parlement européen, comportant une critique globale des réformes intérieures en cours, ainsi que des accusations sérieuses quant aux atteintes portées actuellement à la démocratie en Hongrie.

En annexe des 21 pages de cette lettre, figurait également la lettre signée par 13 multinationales se plaignant du sort qui leur était réservé par la récente mise en place de taxes anti crise dans certains secteurs stratégiques de l’économie (banques, énergie, grande distribution, télécommunications).

Le 28 janvier à la télévision nationale, le Fidesz dénonçait le procédé employé par l’opposition, qui consistait, selon le Fidesz, à entreprendre une cabale contre la Hongrie toute entière.

La série « Gyurcsány VS Orbán » continue

Dans cette saga politique, le dernier épisode date d’hier, sur le blog de Gyurcsány lui-même, puis par voie de presse interposée. Outre la « mauvaise image » du pays aux yeux de ses partenaires européens, c’est maintenant  le manque d’influence de la Hongrie au sein de l’Union Européenne qui est dénoncée par l’ancien premier ministre Gyurcsány. Si son impopularité nationale est restée la même depuis sa démission en mars 2009, elle ne l’arrête pas pour refaire parler de lui, notamment au sein du MSzP.

Postés mercredi matin à 6h30, les propos de Ferenc Gyurcsány sur la présidence hongroise de l’Union Européenne, et plus précisément sur la gestion de l’actuel premier ministre, Viktor Orbán, sont violents : « vendredi dernier (lors du Conseil de l’UE à Bruxelles, portant sur l’énergie et l’innovation) notre présidence de l’UE a touché le fond » raconte Gyurcsany. « Pendant 35 jours, il s’est avéré que le premier ministre hongrois était plus insignifiant qu’un mouton de poussière caché sous le lit », écrit-il, avant d’ajouter : « La présidence hongroise est très mal partie (…) A Strasbourg, devant un public d’eurodéputés nombreux, Orbán s’est ridiculisé » (il a « telle une serpillière, nettoyé le sol » selon l’expression employée en hongrois par Gyurcsány).

La réponse du Fidesz, via MTI, ne s’est pas faite attendre très longtemps, mais cela n’est pas allé beaucoup plus loin que l’argumentaire habituel de Péter Szijjártó : « Nous conseillons à M. Gyurcsány de faire profil bas, étant donné qu’il a trompé toute l’Europe en ne cessant de mentir lorsqu’il était au pouvoir, avec des bilans budgétaires falsifiés ». On pourrait résumer cela en une phrase bien connue dans les cours de récréation : « c’est pas moi, c’est lui qui a commencé ». Mais au moins pour une fois, ce qu’en pense l’Union Européenne semble compter. En fait, cet épisode pourrait n’être qu’une querelle d’écoliers devant une maîtresse qui s’appellerait Bruxelles.

Selon Gyurcsány, Orbán et sa présidence sont déjà mis au ban de l’UE

Pour Ferenc Gyurcsány « vendredi dernier, le monde s’est écroulé » lorsque, opposé au programme économique de Viktor Orbán, c’était le programme franco-allemand qui fut le centre d’intérêt. « Les contours d’un club d’élite de l’UE se dessinent sous nos yeux et la Hongrie n’en fera pas partie » dit-il, comme si cela n’avait pas déjà été le cas.

Mais il ne s’arrête pas là et donne un exemple : « pour gérer les débats entre les États membres, cela n’a pas été Orbán qui a été sollicité mais le président permanent belge, Van Rompuy. La Hongrie a été repoussée en périphérie, avec Orbán qui se retrouve encore plus loin, exclu de la périphérie ».

Le groupe parlementaire Fidesz a, comme à son habitude, répondu par le résultat électoral et la provocation : « Ferenc Gyurcsány n’est pas en mesure de se rendre compte que les Hongrois – dans une unité jamais vue – l’ont fait fuir, lui et tout son gouvernement corrompu. La modestie serait la bienvenue pour quelqu’un qui a trompé toute l’Europe, en nuisant à la crédibilité de notre pays.  Ce n’est pas par hasard si pour l’Europe entière, le gouvernement de Ferenc Gyurcsány est synonyme de mensonges ».

Viktor Orbán a certes été un peu « sonné » après l’accueil qui lui a été réservé au Parlement européen le 19 janvier et après son voyage en Égypte. Il est aussi certainement maladroit parmi les « grands » de l’UE. Mais avec son costume souverainiste et en bon footballeur, il ne craint pas de se faire tacler sur le terrain européen par Gyurcsány le « surdoué ». Orbán est blindé à Budapest et surtout, contrairement à son adversaire, le public local joue pour lui.

Sources et crédits photos : MTI, eu2011.hu, Glódi Balázs

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François Gaillard

Cofondateur de Hulala et ancien membre de la rédaction

2 Comments
  1. Moralité. Personne en Hongrie n’est à la hauteur de l’U.E.

    Gyurcsàny part déjà en campagne, avec l’espoir de récupérer, dans 4 ans, une Hongrie encore plus moribonde que celle qu’il a laissé en 2009.

    Orban s’imagine que gérer une petite région d’Europe, lui conférera une audience européenne, sinon mondiale. L’opinion publique hongroise, tout le monde s’en fiche hors frontières de la Hongrie.

    Nos 22 régions françaises sont gérées pour le bonheur de leurs habitants (puisque c’est la Gauche qui gère). Il serait bon qu’il en aille de même pour la Hongrie. Après tout, il y a 10 millions d’habitants en Hongrie, 11,5 millions en Île de France (et 1 milliard 400 millions en Chine).

    La meilleure façon, pour Orban, de continuer son succès électoral, c’est de se concentrer sur les difficultés de la Hongrie et des hongrois. Et le MZsp ferait bien de coopérer, pour récupérer une autre image parmi les électeurs hongrois.

  2. tout á fait Nudiworld…mais pour celá il faudrait bien soigner la schizophrénie de ceux qui gérent la Hongrie en ce moment …..

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