Les universitaires hongrois en appellent au PPE pour sauver l’Académie des sciences

Des universitaires hongrois ont lancé une pétition qui dénonce « l’attaque contre la liberté académique » en Hongrie et demande à Manfred Weber, le président du groupe du Parti populaire européen, auquel appartient toujours le Fidesz, de « faire pression sur M. Orbán ».

Par deux fois, l’Assemblée générale de l’Académie des sciences, la MTA, a voté à une majorité écrasante contre les projets du gouvernement, des manifestations ont été organisées, des manifestes publiés…en vain, déplore le monde universitaire hongrois. « Nous sommes à court de solutions », écrivent plusieurs dizaines de scientifiques, chercheurs et professeurs de la prestigieuse Académie des sciences, dans une pétition.

« Le gouvernement hongrois a proposé une législation qui modifierait radicalement le paysage de la recherche en Hongrie, violerait le droit constitutionnel et les principes démocratiques fondamentaux. »

Si le Fidesz, le parti de Viktor Orbán, arrive à ses fins, les centres et les instituts de recherche liés à l’Académie seront détachés et placés sous la coupe d’une nouvelle entité qui ne sera pas autonome du pouvoir. En effet, celle-ci sera régie par un conseil composé pour moitié de représentants du gouvernement. De plus, elle sera placée sous l’autorité d’une autre instance, composée cette fois exclusivement de personnes nommées par le Premier ministre. Outre la perte totale de son autonomie vis-à-vis du pouvoir exécutif, l’Académie devra céder à la nouvelle organisation l’ensemble de ses biens immobiliers, de ses installations et de ses équipements.

Cette nouvelle législation, dont le texte a été connu à la fin du mois de mai, « viole le droit à la liberté académique et le droit à la propriété, constitue une grave atteinte à l’ordre et aux principes démocratiques », peut-on lire dans la lettre ouverte. « Nous vous demandons de faire pression sur M. Orbán pour qu’il retire la législation sur l’Académie hongroise des sciences », concluent ses signataires, à l’adresse de Manfred Weber.

Candidat du Parti populaire européen pour diriger la Commission européenne, le politicien conservateur allemand avait fait, au mois d’avril, de la liberté académique la ligne rouge à ne pas franchir pour le dirigeant hongrois, dont le parti reste à ce jour suspendu au sein du PPE. A cette époque, M. Weber avait en tête le maintien de l’Université d’Europe centrale à Budapest, dont le sort n’est toujours pas réglé à l’heure actuelle.

Après un an d’âpre lutte contre les velléités du pouvoir de supprimer l’autonomie du centre névralgique de la recherche universitaire qu’est l’Académie, ses professeurs et chercheurs semblent cette fois bien décidés à ne pas se laisser faire. Reste à voir si le PPE est prêt à mettre le sort de la prestigieuse institution hongroise dans la balance, concernant le maintien des treize eurodéputés du Fidesz dans ses rangs.

Le texte de la pétition, en anglais, est accessible ici.

Hongrie : l’attaque contre l’Académie se précise, les chercheurs se mobilisent

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