Les deux principaux partis de la gauche hongroise ont décidé de renouveler leur alliance en vue des élections européennes de mai prochain. La liste socialiste et écologiste entend mener campagne contre « les forces qui veulent démanteler l’UE » menées par Viktor Orbán et fédérer ses électeurs autour du combat pour « l’Europe sociale ».
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Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
Le Parti socialiste hongrois (MSzP) et la petite formation écologiste Párbeszéd ont annoncé samedi le lancement d’une liste commune pour les élections européennes de mai prochain. Déjà alliés lors du scrutin législatif d’avril dernier, les deux partis de gauche hongrois appellent les autres forces « pro-européennes » à rejoindre leur liste.
Le président du MSzP Bertalan Tóth a déclaré lors d’une conférence de presse que cette alliance aura pour vocation « de se battre pour réduire le pouvoir de nuisance des forces qui veulent le démantèlement de l’Union européenne », dans une allusion à peine voilée au Fidesz de Viktor Orbán. Conscients de l’attachement de l’opinion publique hongroise à l’Europe, les socialistes et les Verts cherchent à mener campagne en présentant le parti conservateur au pouvoir comme une organisation eurosceptique.
« Le Fidesz a choisi une politique européenne qui repose sur le délitement de la coopération, qui fait alliance avec les forces populistes et extrémistes, lesquelles n’ont aucun autre objectif que le renforcement de leur propre pouvoir », a ainsi critiqué Bertalan Tóth. Le président du parti à l’œillet s’est également attaqué frontalement à Viktor Orbán, en l’accusant de « vouloir détourner l’argent des contribuables européens au profit de sa famille et de son cercle d’amis ».
Gergely Karácsony, co-dirigeant de Párbeszéd, a quant à lui « salué avec plaisir l’écrasante majorité avec laquelle le conseil national du MSzP s’est prononcé en faveur d’une liste commune [avec son parti] ». Celui qui fut tête de liste des deux formations lors des dernières élections législatives a déploré l’exportation « des idées extrémistes » de la Hongrie à l’échelle de toute l’Europe. Il a plaidé pour la mise en oeuvre d’une « Europe sociale », afin « qu’il n’y ait plus de différence entre un citoyen hongrois et un ressortissant de tout autre pays membre en matière d’égalité des chances ».
Karácsony pris à parti par Mesterházy
L’alliance MSzP-Párbeszéd a été entérinée par le parti écologiste lors de son Conseil national dimanche dernier, au cours duquel Tímea Szabó et Gergely Karácsony ont été réélus à la présidence.
Des rumeurs ont fuité hier lundi au sujet d’un accord conclu entre les deux formations au sujet du gel du quatorzième arrondissement de Budapest au profit de Gergely Karácsony pour les prochaines municipales de septembre 2019. Un « deal » qui a fait sortir de ses gonds le chef de file de l’opposition interne du MSzP, son ancien président Attila Mesterházy. Celui-ci a vertement réagi hier matin sur Facebook, en déplorant un « ultimatum » adressé aux socialistes par Párbeszéd, un parti qui « sans nous n’aurait pas de groupe parlementaire et dont la popularité est inférieure à celle du Parti du chien à deux queues, de Momentum… sans parler de DK ».
Lors de sa conférence de presse, Bertalan Tóth avait dévoilé le logo de la coalition rouge-verte : un cœur, « qui symbolise la Hongrie au cœur de l’Europe et l’Europe dans le cœur des Hongrois ». Mais dont l’esprit reste assez éloigné de l’ambiance à couteaux tirés qui règne entre certains dirigeants des deux partis.