La sous-commission aux affaires européennes du Parlement autrichien a voté une résolution hostile à l’accord de libre échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur.
L’Autriche s’opposera à l’entrée en vigueur d’un accord commercial entre l’UE et les pays du Mercosur. L’ensemble des partis parlementaires ont voté aujourd’hui une résolution contraignant l’actuel gouvernement de transition ainsi que tous les futurs gouvernements à opposer leur veto aux négociations en cours lors des prochains conseils des ministres de l’Union européenne. Seuls les libéraux de Neos ont défendu l’accord de libre échange.
« L’accord aurait été mauvais pour notre agriculture, mais surtout pour la protection du climat et les droits des travailleurs en Amérique du Sud », s’est félicité Jörg Leichtfried, le vice-président du groupe social-démocrate SPÖ, à l’initiative de la résolution parlementaire. Plutôt timorés dans leur opposition au traité de libre échange, les conservateurs de l’ÖVP ont finalement joint leurs voix à celles du FPÖ (extrême droite), des Verts et des dissidents écologistes de Jetzt.
« L’approbation de l’ÖVP est surprenante », a taclé M. Leichtfried, rappelant l’opposition du Parti populaire à la résolution tout au long des discussions de la sous-commission parlementaire aux affaires européennes au sein de laquelle le vote a eu lieu. Le SPÖ et le FPÖ s’étaient déjà moqué en juillet dernier de la difficile « conversion » du chef de file de l’ÖVP Sebastian Kurz après sa prise de distance avec l’accord UE-Mercosur.
Satisfaction des organisations sociales et environnementales, déception des milieux économiques
« Nous ne sauverons ni le climat, ni la forêt tropicale, ni les emplois avec les mythes sur le libre-échange et les tactiques de panique populistes », a réagi dans un communiqué de presse le quatrième secrétaire général de la Chambre économique autrichienne (WKO), Christoph Neumayer. « L’Europe doit composer avec le Brésil ; l’isolement mène à l’impasse climatique », a-t-il également ajouté en référence à la tentation des capitales européennes d’utiliser l’accord UE-Mercosur pour faire pression sur Brasília après la vague de feux de forêt qui a touché l’Amazonie à la fin du mois d’août.
« Il s’agit d’une première étape dans la remise en cause fondamentale et dans la réorientation de la politique commerciale de l’Union européenne », s’est félicité Attac dans un communiqué. La décision des députés devrait également ravir la Confédération autrichienne des syndicats (ÖGB) et l’Union des agriculteurs qui avaient appelé un peu plus tôt à faire pression sur le parlement en faveur d’un veto.
Inquiétude des éleveurs
Le texte négocié entre Bruxelles et le Mercosur prévoit une baisse progressive de près de 90% des droits de douane entre les deux blocs sur dix ans, avec un étalement pouvant monter jusqu’à quinze ans pour certains secteurs, dont le secteur automobile. Les baisses de ces droits de douane concernent également certains produits agricoles, effectivement soumis à des dissymétries importantes en matière de normes environnementales et sanitaires.
Dans la ligne de mire des opposants au projet : les quotas d’importation de viande sud-américaine qui pourraient déstabiliser les éleveurs européens, en raison de réglementations moins protectrices concernant l’élevage intensif et l’utilisation de fourrages OGM.
Le secteur hongrois de la volaille s’était par exemple inquiété à la fin du mois de juin de l’impact d’un tel traité sur la filière. « Un accord de libre-échange entre l’Union européenne et l’organisation de commerce Mercosur entraînera une baisse de la production [locale] et des pertes d’emplois », avait notamment prévenu Attila Csorbai, président du Conseil hongrois de la volaille.