Chacun s’accorde à dire que la manifestation « pour la CEU, pour l’Université libre, pour un pays libre » qui s’est déroulée dimanche soir dans la capitale de la Hongrie est de loin la plus massive de l’opposition de gauche depuis que le Fidesz est au pouvoir. En réponse, les médias publics et les médias privés pro-gouvernementaux ne sont sortis de leur silence que pour dénigrer « les agents de Soros« .
Les dizaines de milliers de personnes qui se sont rassemblées pendant plusieurs heures hier soir à Budapest ont de quoi être écœurées par le traitement médiatique qui leur est réservé par les médias du pouvoir. Tous minimisent la taille de la foule ; Tous décrivent des manifestants agressifs et organisés pour s’en prendre à la police, en dépit du caractère pacifiste de la manifestation et de l’absence de débordements ; Tous laissent entendre – quand ils ne l’écrivent pas explicitement – que les manifestants ont été payés et acheminés par George Soros.
La chaîne publique MTV titrait par exemple dimanche soir : « les manifestants agressifs attaquent les policiers devant le Parlement« . « Ils sont venus moins nombreux que prévu« , titrait de son côté la chaîne de télé privée TV2 (pro-Fidesz). Selon cette dernière, nombre de manifestants sont venus de l’étranger par avions entiers affrétés par George Soros.
Mais le cas le plus symptomatique est sans doute celui du portail Origo.hu, l’un des plus populaires du pays, passé sous le contrôle du gouvernement quelques mois auparavant. L’événement est largement invisible ; le titre : « La foule n’a pas atteint la taille critique dans l’affaire de l’Université Soros » ; les premières ligne : « Malgré les voyages organisés, les billets d’avion et les actions facebook, les organisateurs sont déçus« . Origo.hu titre juste en dessous de cet article avec cette citation du député du Fidesz Szilard Németh : « La manifestation a été financée par les organisations d’agents de Soros« . (Cf. capture d’écran ci-dessous).
Ce n’est pas sans précédent. Au début de l’année 2012, une manifestation monstre contre l’entrée en vigueur d’une nouvelle Constitution pour la République de Hongrie avait été grossièrement ignorée par la télévision publique MTV.
Sur le portail d’actualités de la télévision publique, Hirado.hu, l’événement est quasi invisible.
Idem sur le site de l’agence de presse hongroise MTI dimanche soir après la manifestation.
