A quelques jours des élections locales en Hongrie, le parti au pouvoir multiplie les actions à destination des retraités pour s’assurer un nouveau succès dans les urnes.
Qu’il semble loin le temps où l’Alliance des jeunes démocrates (Fidesz) était le parti de la jeunesse, se battant par exemple contre les frais d’inscription universitaires. Même si aujourd’hui il reste le premier parti chez les jeunes, ses slogans sont destinés prioritairement aux retraités, un électorat facilement mobilisable et dont le poids ne va cesser de grossir en raison du vieillissement de la population hongroise.
Ces jours-ci, la presse locale et nationale hongroise regorge d’articles rapportant les initiatives des municipalités pour faire plaisir aux séniors. Les traditionnelles distributions de pommes de terre tomberont cette année à point nommé, dans les jours précédant le scrutin ; La municipalité de Józsefváros (le 8e arrondissement de Budapest) octroie huit mille forints aux habitants de plus de 65 ans, soit un peu moins de vingt-cinq euros ; A Ferencváros, le 9e, c’est six mille forints ; Les retraités de Pestszentlőrinc (département de Pest) sont particulièrement gâtés par leur mairie qui a débloqué pour eux 15 kilos de pommes de terre et 3 litres de jus de pomme gratuits ; A Újpest, dans le nord de la capitale, ils auront droit à un spectacle d’opérette ; D’autres encore ont reçu des tickets gratuits pour une excursion en bateau sur le Danube.

Mais la « mesure » phare, ce sont les vouchers de dix mille forints (30 euros) que tous les retraités du pays reçoivent ces jours-ci dans leur boite aux lettres. La Magyar Posta s’est lancée dans une véritable course contre la montre pour les distribuer à temps, avant la date butoir du 13 octobre. Le chef du gouvernement, Viktor Orbán, qualifié souvent de « populiste », parfois de « paternaliste », mais qui s’est déjà réclamé par le passé de la plèbe (« plébéien »), avait prévenu dans son discours sur l’État de la nation au début de l’année que l’un des axes de sa politique serait de « récompenser » les retraités du pays et de leur témoigner le « respect » et la « gratitude » de la nation.
Au printemps 2017, la rencontre mise en avant par la communication gouvernementale entre le Premier ministre hongrois et la « tante Bözsi », au moment de la consultation nationale « Arrêtons Bruxelles ! », avait suscité de fortes réactions.
– « Si seulement il y avait une élection chaque année. Je voterais à chaque fois pour Viktor Orbán, s’exclame tante Bözsi. Ma fille me demande « mais pourquoi Mamie ? ». Parce que quand les élections approchent, généralement nos retraites augmentent un petit peu.
– Et moi je les augmente ? questionne innocemment le visiteur.
– Oh oui à chaque fois, Dieu merci !
– Et je vous ai aussi envoyé un chèque-cadeau à la fin de l’année, vous vous souvenez ?
– Oui, 10 000 forint ! Alors que Gyurcsány, lui il avait supprimé notre 13e mois ! »
La pauvreté chez les personnes âgées est un problème social très aigu dans l’ensemble de la région, et leur part croissante dans la population font d’eux une cible électorale de premier choix. En Hongrie, le Président du Conseil national des retraités tirait la sonnette d’alarme en expliquant qu’« un tiers des retraités vit en dessous du seuil de pauvreté » fixé à 88 000 forints par mois (285 euros). Mais il critiquait aussi les pratiques du gouvernement, estimant que les « petits coups de pouces » pour les retraités sont loin d’être suffisants pour aider des personnes qui « luttent pour leur survie douze mois de l’année ». En Slovaquie, comme le montre notre article, il n’est pas rare non plus de trouver des personnes de plus de 65 ans encore au travail. En Pologne, le PiS a lui instauré au mois de mai, peu avant les élections européennes, un « treizième mois » équivalent au minimum vieillesse (1 100 złotys brut, soit environ 250 euros).