László Trócsányi, le candidat hongrois au portefeuille «Voisinage et élargissement» dans la prochaine Commission européenne, a été recalé ce jeudi par la commission des affaires juridiques du Parlement européen.
László Trócsányi, ancien ministre hongrois de la Justice dans les gouvernements Orbán III et IV (2014-19), devait être auditionné mardi 1er octobre par le parlement européen, étape obligatoire avant l’attribution définitive du portefeuille et sa prise de fonction le 1er novembre. Mais le candidat hongrois, désigné par la présidente allemande de la Commission européenne Ursula von der Leyen, n’ira sans doute pas jusque-là. Ce jeudi, la commission des affaires juridiques du Parlement européen (JURI) s’est prononcée contre la candidature de M. Trócsányi, à l’issue d’un vote à bulletin secret. Comme pour la candidate roumaine Rovana Plumb, elle a pointé un risque de conflit d’intérêts, en l’occurrence entre le futur poste de Commissaire et ses activités privées au sein de son cabinet d’avocats Nagy & Trócsányi.
Cette décision ne disqualifie pas automatiquement László Trócsányi, mais signifie que les eurodéputés réclament un report de son audition devant le parlement et que la présidente von der Leyen prenne des dispositions. « Les audiences prévues la semaine prochaine pour les commissaires hongrois et roumain désignés seront reportées », a annoncé Sergey Lagodonsky, député européen vert allemand, le vice-président de la commission des questions juridiques. Mais dans les faits, cela signifie que « le gouvernement hongrois doit nommer un nouveau commissaire », comme le confirme une source anonyme au site Index.hu.
« Le parti de l’immigration fait tout ce qu’il peut pour entraver la candidature de László Trócsányi » – communiqué du Fidesz.
Le Fidesz dénonce une « chasse aux sorcières »
László Trócsányi a rapidement réagi à la décision de la commission JURI : « Une décision politique sans fondement factuel a été prise et je vais donc prendre les mesures juridiques nécessaires », a-t-il écrit. L’eurodéputé du Fidesz József Szájer y a vu « une chasse aux sorcières qui rappelle le pire de la période communiste ». Nul doute que la droite hongroise, qui mène à l’heure actuelle une campagne agressive pour les élections locales du 13 octobre, entend jouer la carte victimaire. Ce jeudi après-midi, le Fidesz écrivait dans un communique que « Le parti de l’immigration fait tout ce qu’il peut pour entraver la candidature de László Trócsányi », rapporte le journal Magyar Hírlap.
Viktor Orbán soutenait sans réserve son candidat – « une personne magnifique […] nous pouvons être fiers d’avoir nommé une telle personne » – mais avait prévenu que des embûches l’attendaient. Non pas du fait que M. Trócsányi ait été un rouage essentiel du « système Fidesz » pendant cinq années au ministère de la Justice – détricotant par exemple le droit d’asile en Hongrie, ou créant une justice administrative remettant en cause la séparation des pouvoirs – mais selon M. Orbán du fait « qu’il vient du mauvais endroit, qu’il est hongrois ». Le chef du gouvernement avait aussi considéré que « l’opposition hongroise s’est pleinement mobilisée pour attaquer et tirer sur notre ancien ministre et le candidat hongrois », ce que le président du parlement, László Kövér, avait lui-même qualifié de « traîtrise à la nation » il y a quelques jours lors d’un show télévisé.