La semaine dernière, après des années de tractations, le Parlement de Serbie a voté en faveur d’une plus large autonomie de la province multiethnique de Voïvodine. Sauf surprise, le nouveau statut entrera en vigueur avec le vote du Parlement régional de Voïvodine, le 14 décembre prochain.
Bien entendu, le nouveau statut est moins ambitieux que ne l’espéraient les partis hongrois, très influents dans le nord de la province, où ils représentent quelques 300.000 citoyens serbes de nationalité hongroise. Mais l’autonomie est tout de même élargie et les compétences suivantes seront transférées de Belgrade à Novi Sad, capitale administrative de la Voïvodine : industrie, emploi, éducation, santé, protection sociale, information, urbanisme, développement régional, agriculture, eaux et forêts, chasse, pêche, tourisme, protection environnementale. On note que la région ne sera pas dotée de ses propres forces de police, réclamées par les autonomistes. Ce nouveau statut permettra en outre à la Voïvodine d’ouvrir des bureaux dans les régions européennes et à Bruxelles et de signer des accords interrégionaux.
« Nous remercions les membres du Parlement de Serbie d’avoir montré leur maturité et leur responsabilité. Ils ont prouvé qu’indépendamment de leur affiliation politique, ils sont conscients de la responsabilité de représenter les intérêts de tous les citoyens, non seulement de la province autonome de Voïvodine, mais aussi de la République de Serbie comme un tout », a réagit le porte-parole d’origine hongroise du Parlement de Voïvodine, Sándor Egeresi.
Soucieux de contrôler l’hégémonie serbe sur la Yougoslavie pour en maintenir l’équilibre, Tito avait octroyé à la Voïvodine et au Kosovo, en 1974, des compétences qui leur donnaient de facto un statut de Républiques. Toute autonomie avait été supprimée par Slobodan Milošević à son arrivée au pouvoir.
Le coup de la chaussure à la mode serbe !
Après Georges W. Bush en Irak, puis Dominique Strauss-Kahn en Turquie, c’est une députée serbe du parti radical serbe, Gordana Pop Lazic, qui a succombé à la mode du lancer de chaussure à l’occasion d’une réunion portant sur l’autonomie de la Voïvodine. Son parti -fondé par Vojislav Seselj, aujourd’hui incarcéré à la Haye pour crimes de guerres commis au cours des guerres en Croatie puis en Bosnie- s’est toujours opposé avec virulence à toute autonomie de la province de Voïvodine, comme celle du Kosovo, accusant sa population hongroise de séparatisme.
« Cette chaussure entrera dans l’histoire, comme la chaussure irakienne, comme un symbole de la lutte contre les tyrans », s’est enthousiasmé quelques instants plus tard le vice-président du Parti radical, Dragan Todorović. L’histoire ne dit pas si, à l’instar de l’ancien Président américain, dont la vivacité d’esprit lorsqu’il s’agit de plaisanter a toujours agacé ses détracteurs, la victime de l’agression a pu apercevoir et révéler la pointure de son agresseur.