Les médias du Fidesz louent une « immense victoire » remportée mercredi par leur leader Viktor Orbán face au Parti Populaire européen… qui a pourtant suspendu la formation hongroise.
Victoire ou défaite pour le dirigeant hongrois ? Victoire sans conteste, pour la presse de droite en Hongrie, et même « immense victoire ». Une dépêche de l’agence de presse hongroise MTI, reprise par les plus grands titres tels que « Magyar Nemzet » et Origo.hu, titre ainsi : « Experts : Une énorme victoire pour le Fidesz, une énorme défaite pour les forces de l’immigration ». Elle s’appuie sur l’analyse de Zoltán Lomnici qui a déclaré mercredi soir dans le journal de la chaîne d’information M1 que « ce qui s’était passé lors de la réunion du PPE a constitué une immense victoire pour le Fidesz, mais aussi une défaite massive pour les forces de l’immigration ».
Zoltán Lomnici n’est pas un inconnu. Cet avocat constitutionnel compte parmi les « experts » régulièrement appelés à la rescousse pour défendre le gouvernement à la télévision publique. Comme ce jour de janvier dernier où, fustigeant les députés d’opposition qui avaient fait le siège de la télévision publique, il récitait face caméra des explications dictées par le journaliste. Lire notre article Manipulation de l’information : la télévision publique hongroise prise la main dans le sac.
Selon Lomnici, « les forces, les acteurs politiques qui voulaient atteindre l’exclusion du Fidesz ont été sévèrement battues » et « chaque Hongrois saura que le Premier ministre Viktor Orbán a mené cette nouvelle bataille avec succès ». Il est vrai, le Fidesz n’a pas été exclu de la droite européenne, mais suspendu. Concrètement, cela signifie que le parti est mis au réfrigérateur, qu’il ne pourra ni participer aux réunions du parti paneuropéen, ni voter ses décisions, ni placer ses hommes dans la prochaine Commission européenne.

Le reste de la presse de droite est à l’unisson. Le tabloïd « Ripost » titre en gros : « Nous ne les avons pas laissés nous humilier ». Quand le « Magyar Hirlap » se réjouit à sa UNE de cette « Attaque repoussée », contre « les forces libérales de gauche [qui] ont voulu nous chasser de là ». Le plus grand journal de la droite hongroise, le porte-voix du Fidesz « Magyar Nemzet », a choisi de titrer sur le principal élément de langage imposé par la communication gouvernementale : « Nous avons pris la bonne décision. Le Parti populaire restera uni ».
Fruit d’un arrangement de dernière minute entre Viktor Orbán et la direction du PPE, la résolution votée à la quasi-unanimité hier stipule en effet que la suspension du Fidesz relève d’un « commun accord ». Une concession accordée au Hongrois pour qu’il ne mange pas son chapeau à domicile, en échange de quoi il ne claquerait pas la porte pour rejoindre les forces de l’extrême-droite ?
Hongrie : le Fidesz a été suspendu du Parti populaire européen