Samedi après-midi, environ trois mille personnes se sont réunies dans le centre de la capitale hongroise pour moquer l’autoritarisme du Fidesz au pouvoir. Elles répondaient à l’appel du MKKP, le parti hongrois du Chien à deux queues.
Budapest – « A bas la presse ! A bas l’éducation ! A bas les élections ! A bas la démocratie ! » Ces slogans n’ont pas été scandés par de dangereux anti-démocrates, mais par les fans du Parti du Chien à deux queues (MKKP). Ce mouvement politico-satirique qui sévit sur Budapest et en Hongrie depuis plusieurs années déjà avait qualifié l’événement de « marche de la paix pour le gouvernement et pour la Russie, et contre tout le reste ». Une façon de se moquer des « marches de la paix » organisées par le chroniqueur Zsolt Bayer en soutien au gouvernement de Viktor Orbán.
Les participants de toutes les générations se sont rassemblés sur la place Oktogon à 14h dans la bonne humeur, échangeant les blagues potaches et les considérations plus sérieuses sur la vie politique hongroise. Des voitures klaxonnaient en signe d’encouragement, quand quelques badauds s’énervaient en voyant passer le drôle de défilé.
Ce qui a été tourné en ridicule lors de la marche, c’est avant tout les penchants autocratiques du système, l’inclination pro-Poutine du gouvernement hongrois, et sa « consultation nationale » contre l’Union européenne. L’hymne russe a résonné à de nombreuses reprises. Juché sur une vieille camionnette fatiguée, Gergő Kovács, la grande figure du MKKP, ouvrait la procession, emmenant dans son sillage les joyeux protestataires depuis l’Oktogon jusqu’aux places Blaha Lujza puis Déak. On t’aime malgré tes défauts Viktor ! Qu’il y ait deux Orbán ! Ensemble contre nous tous !
Sélection des meilleurs slogans
« Sur une moustache hongroise, de la mousse hongroise ! » – En référence à la guéguerre qui a récemment opposé le géant Heineken à une bière de Transylvanie.
« Ecrivons à Moscou qu’ils nous manquent ! » – En référence à la campagne gouvernementale passée « Ecrivons à Bruxelles qu’ils comprennent enfin ! »
« Notre peuple moustachu vaincra » – En référence au slogan communiste « Notre peuple laborieux vaincra » (Szorgos népünk győzni fog!).
« On veut plus de stades ! » – En référence au nombre de stades construits depuis 2010, aux dépens d’investissements dans des secteurs comme la santé et l’éducation.
« Un petit train jusqu’à Moscou » – En référence au petit train construit avec des fonds européens à Felcsút, le village de la famille Orbán.
« Quand on lit à l’envers Soros, on lit Soros. Coïncidence ? » – En référence à l’inclinaison du gouvernement pour la paranoïa et le conspirationnisme, George Soros étant par exemple accusé d’organiser les migrations depuis le Moyen-Orient pour remplacer la population européenne.
« Vous aussi vous allez blaguer sur l’Holocauste, comme Charlie Hebdo ? »