La Hongrie était le dernier pays de l’UE à avoir encore des parts dans la Banque internationale d’investissement dirigée par la Russie et basée à Budapest.
Le gouvernement hongrois a cédé sous la pression américaine et, vendredi matin sur les ondes de la radio Kossuth, Viktor Orbán avait changé de ton vis-à-vis des États-Unis, « notre ami et un allié important », remarque le site d’actualités Telex. « S’il y a un président démocrate à la Maison Blanche, nos relations sont plus difficiles. Si vous avez un président républicain, c’est plus facile. […] Ce n’est pas à nous de choisir entre les acteurs de la vie politique américaine. Le peuple américain décider à qui il donner le pouvoir et nous coopérons avec le gouvernement que le peuple américain élit », a déclaré Viktor Orbán sur un ton presque penaud qui tranche avec l’agressivité de son gouvernement vis-à-vis de l’administration de Joe Biden.
La fin de la IIB ?
Conséquence directe du raidissement américain, le gouvernement hongrois a décidé jeudi de retirer les délégués de l’État hongrois de la Banque internationale d’investissement (IIB), après sa mise sous sanctions par les États-Unis annoncée le jour précédent, ainsi que son vice-président hongrois, Imre Laszlóczki. Fondée en 1970 par des pays du bloc socialiste, elle avait été réactivée pour promouvoir le développement économique d’États membres de l’ex-bloc de l’Est, sous l’égide de la Russie et transférée à Budapest en 2019, malgré les mises en garde de l’OTAN la considérant comme une faille sécuritaire et un nid d’espion. Le gouvernement hongrois avait délivré des passeports diplomatiques et une grande latitude de mouvement à son personnel russe.
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Selon le Magyar Nemzet, la Russie détient actuellement 45,4 % de ses parts, suivie de la Hongrie avec 25,3 %, loin devant Cuba (2,8 %), la Mongolie (1,8 %) et le Vietnam (1,3 %), précise encore le journal. La République tchèque et la Slovaquie se sont retirées de l’institution financière internationale après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine, et les Bulgares doivent mettre fin à leur adhésion à l’actionnariat à la date du 15 août, toujours selon le « Nemzet ».
L’ambassadeur Pressman sévit
L’ambassadeur américain à Budapest, David Pressman, a annoncé la mise sous sanctions américaines de l’IIB lors d’une conférence de presse mercredi, jugeant que « la présence de cette plate-forme opaque du Kremlin au cœur de la Hongrie menace la sécurité et la souveraineté du peuple hongrois, de ses voisins européens et de ses alliés de l’OTAN ». Le diplomate avait aussi déclaré que « nous sommes préoccupés par l’empressement continu des dirigeants hongrois à établir des relations toujours plus étroites avec la Russie, malgré son agression brutale contre l’Ukraine ».
Dans une interview au journal Népszava, Géza Jeszenszky, premier ministre des Affaires étrangères de la Hongrie post-communiste et ambassadeur à Washington pendant le premier mandat du Fidesz en 1998-2002, juge que le gouvernement hongrois est inutilement « agressif » avec Washington et qu’il mène une politique « néfaste et suicidaire » qui ne peut servir que les intérêts de la Russie et de la Chine.