Le chef du gouvernement hongrois et la ministre de la Justice réclament des excuses auprès de ceux qui ont critiqué la loi sur l’état d’urgence, après que la vice-présidente de la Commission européenne a jugé inutile de lancer une procédure d’infraction contre la Hongrie.
La Hongrie a été victime d’une « attaque et d’une campagne de désinformation sans précédent », a affirmé le dirigeant hongrois dans une lettre qu’il a adressé aux membres et aux dirigeants du Parti Populaire européen. « Moi et mon pays avions déjà été attaqués injustement », mais cette attaque était « la plus cruelle et la plus cynique que j’ai vécu », affirme-t-il.
Dans la lettre, Viktor Orbán pointe du doigt, mais sans les nommer, les treize formations politiques membres du PPE qui ont réclamé dans une lettre l’exclusion du Fidesz, emboitant le pas à Donald Tusk, le président du parti. Ils ont répandu des « mensonges » et la « désinformation ».
Cette contre-attaque intervient quelques jours après que Vera Jourová, la vice-présidente de la Commission européenne pour les valeurs et la transparence, a déclaré mercredi 29 avril que les mesures d’urgence adoptées récemment par la Hongrie ne justifient pas encore d’action de la part de l’UE. « La loi hongroise a attiré l’attention. Quand je lis cette loi, je ne vois pas de raison – à ce stade, j’insiste dessus – de lancer une procédure d’infraction ». Le parlement a adopté fin mars une loi très controversée qui octroie des pouvoirs exceptionnels au chef de l’exécutif sans spécifier de limite de temps.
Cette décision représente un sérieux désaveux pour les détracteurs du Fidesz, à l’étranger et dans l’opposition hongroise, qui sont parfois allés jusqu’à affirmer que la Hongrie est devenue une « dictature ». Toutefois, Vera Jourová a assuré que la Commission suivrait de près la façon dont le gouvernement hongrois utiliserait « ses très larges pouvoirs discrétionnaires », évoquant le contexte d’affaiblissement de la démocratie en Hongrie.
La ministre hongroise e la Justice, Judit Varga, réclame, elle aussi, des excuses de la part des « responsables d’une vaste campagne internationale coordonnée de discrédit ». « La vérité, a-t-elle ajouté, c’est que le Parlement fonctionne normalement et que les députés hongrois ont plus de latitude pour révoquer l’état d’urgence que nombre de leurs homologues européens ».
La décision de la Commission européenne représente indéniablement une victoire pour le gouvernement hongrois. Ces nouveaux développements risquent fort de compromettre l’exclusion du Fidesz du PPE, ardemment souhaitée par Donald Tusk, mais privent aussi l’opposition domestique au Fidesz d’une importante munition.