La chère campagne du gouvernement hongrois contre le rapport Sargentini

La dernière campagne médiatique du gouvernement hongrois, pour discréditer le rapport Sargentini adopté par le Parlement européen le 12 septembre, est une aubaine de plus pour les communicants et les médias pro-Fidesz.

« Si le gouvernement hongrois est attaqué, c’est parce que nous avons décidé que la Hongrie ne deviendrait pas un pays d’immigration. Ne cédons pas au chantage. Protégeons la Hongrie ! ». Voici le message principal adressé aux Hongrois, qui tourne en boucle sur facebook. Sur un ton martial, des images mettent en valeur le dispositif militaire contre les migrants à la frontière entre la Hongrie et la Serbie.

Ne engedjünk a zsarolásnak!

A kormány válasza a Sargentini-jelentésre:Magyarországot azért támadják, mert a magyar emberek úgy döntöttek, hogy a mi hazánk nem lesz bevándorlóország.Ne engedjünk a zsarolásnak!

Posted by Magyarország Kormánya on Tuesday, September 18, 2018

Imprimée dans les pages de la presse pro-Fidesz depuis la fin septembre, cette nouvelle campagne massive de communication met dans le même sac l’eurodéputée verte hollandaise Judith Sargentini, le patron des libéraux européens (ALDE) Guy Verhofstadt et le milliardaire américano-hongrois George Soros.

La première est coupable aux yeux du gouvernement d’être la rapporteuse du texte qui préconise le recours à l’article 7 du Traité de Rome, entraînant potentiellement jusqu’à une suspension du droit de vote du pays dans les instances européennes ; Le second car il est l’un des adversaires les plus coriaces d’Orbán, réclamant jusqu’à son expulsion du Parti Populaire européen et la Hongrie de l’Union européenne ; Le dernier car il est la bête noire du Fidesz.

« Protégeons la Hongrie ». La publicité du gouvernement en pleine page du journal Magyar Idők.
Aux frais du contribuable

Outre le fait de galvaniser le camp nationaliste contre ce que le Premier ministre Viktor Orbán et son ministre des Affaires étrangères Péter Szijjártó désignent inlassablement comme « le parti de l’immigration » et « le parti de Soros », cette campagne est aussi une aubaine financière pour des hommes du Fidesz. Plusieurs médias hongrois, dont Mérce et HVG, ont appris que la communication gouvernementale lui avait réservé 6 milliards de forint, soit près de 18,5 millions d’euros.

Ce sont autant de fonds publics qui alimenteront les communicants en contrats publics et les médias pro-Fidesz en publicité. Selon le site Átlátszó, elle aurait été confiée à New Land Media Kft et Lounge Design Kft., deux entreprises de communication détenues par Gyula Balásy, un homme que le site Index désignait au printemps après les élections législatives comme « le nouveau roi des médias » et « le plus important acteur de la propagande gouvernementale ».

Sitôt après le vote du Parlement européen qui a adopté à la surprise générale le rapport de l’eurodéputée Judith Sargentini le 12 septembre, le gouvernement avait annoncé faire appel du vote auprès de la Cour de justice européenne, contestant sa légalité du fait qu’il ne prend pas en compte les abstentions.

Retour sur quatre années de propagande xénophobe en Hongrie

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