Le Parlement européen a adopté jeudi une résolution dénonçant la détérioration de l’État de droit en Pologne et en Hongrie. Les Républicains ont compté parmi les rares soutiens du Fidesz au sein du PPE, que Viktor Orbán menace de quitter pour fonder un « nouveau mouvement ».
Jeudi 16 janvier, le parlement européen a voté à une large majorité en faveur d’une résolution qui dénonce à la fois les atteintes à l’indépendance de la justice et à la liberté d’expression en Hongrie et en Pologne, et l’inaction de l’Union européenne pour sévir contre ces deux pays.
Votée à 446 voix pour, 178 contre et 41 abstentions, la résolution stipule que « la situation en Pologne et en Hongrie s’est détériorée » depuis le déclenchement de la procédure au titre de l’article 7 en septembre 2018, mais qu’aucune action n’a été engagée par la Commission. « L’incapacité du Conseil à faire un usage efficace de l’article 7 continue de saper l’intégrité des valeurs européennes communes, la confiance mutuelle et la crédibilité de l’UE dans son ensemble. »
Le vote apparaissait comme un test pour l’avenir du Fidesz hongrois au sein du plus grand parti européen, le Parti Populaire européen (PPE), qui doit se jouer dans les jours qui viennent. Après l’avoir suspendu au printemps 2019, la formation européenne doit en effet décider courant janvier si elle souhaite se séparer ou non des eurodéputés hongrois.
Viktor Orbán a donc pu compter ses alliés dans sa propre famille, jeudi à Strasbourg. Et ils ne sont plus très nombreux. La plupart des députés du Parti populaire européen ont en effet soutenu la résolution : 99 votes pour, 24 contre d’eurodéputés non-Hongrois et 21 abstentions.
« Si le PPE n’est pas capable de changer, l’Europe aura besoin d’une nouvelle initiative ».
Ce vendredi matin, lors de son entretien régulier sur la radio publique Kossuth Rádió, le chef du gouvernement hongrois a considéré avoir été « trahi » par la majorité du PPE, et concédé : « c’est sûr que cela ne peut pas continuer. […] Si le PPE ne défend pas la Hongrie, alors nous devrons lancer un nouveau mouvement européen démocrate-chrétien », a-t-il prévenu.
Lors de sa conférence de presse internationale au début du mois de janvier, le dirigeant hongrois avait déjà menacé de créer une nouvelle formation européenne pour « contrer Macron et son mouvement politique ». « Le PPE perd de son influence, il s’affaiblit et devient de plus en plus centriste et libéral », avait-il expliqué. « La direction est mauvaise. Notre objectif est de changer le PPE, mais le Fidesz en a-t-il le pouvoir ? Nous aurons la réponse ces quatre prochaines semaines. Si le PPE n’est pas capable de changer, l’Europe aura besoin d’une nouvelle initiative et nous initierons quelque chose de nouveau ».
Les eurodéputés français du PPE soutiennent le Fidesz
Peu après le vote de jeudi à Strasbourg, la vice-présidente du Fidesz, Katalin Novák, a déclaré sur la chaîne d’infos ATV que « le vote d’aujourd’hui est un argument majeur en faveur de notre recherche de nouveaux alliés ». « Ceux qui ont voté contre nous, malgré leur appartenance au PPE, ont prouvé une fois de plus que notre alliance ne signifie rien pour eux, et qu’il il leur importe davantage de satisfaire la pression libérale exercée sur eux, que la loi et la justice ».
Tous les eurodéputés ne se sont pas retournés contre le Fidesz toutefois. Mme Novák a remercié les alliés français, espagnols et italiens du Fidesz « qui ont courageusement défendu la loi et la justice », en nommant le Français François-Xavier Bellamy, le chef du groupe Les Républicains au parlement européen, et Antonio Tajani, vice-président PPE du parti Forza Italia.