La Hongrie pourrait renouer avec les images de défilées de milices d’extrême droite dans les villages et dans les rues de Budapest.
Des groupuscules d’extrême droite sont sur le point de ressusciter la « Magyar Gárda », a annoncé le quotidien hongrois Magyar Nemzet. Le parti hungariste « Notre partie » et la milice factieuse « Betyársereg » ont l’intention de faire dans quelques semaines une « démonstration de force » contre la « terreur tsigane » à Törökszentmiklós, une bourgade de 20000 habitants située dans la Grande plaine hongroise. Ce défilé devrait constituer les prémices de la création d’une nouvelle organisation paramilitaire qui devrait voir le jour officiellement au début de l’été à Szeged, la grande ville du sud du pays.
Créé à l’origine comme un courant interne du Jobbik, le mouvement « Notre patrie » s’est constitué en juillet 2018 comme un parti situé à l’extrême-droite du Fidesz de Viktor Orbán. Il dénonce la fécondité des Roms, trop vigoureuse à son goût, l’islamisation supposée de l’Europe, ou encore la destruction de la famille traditionnelle sous l’influence hypothétique de la « théorie du genre ».
« Nous sommes les seuls à veiller à la tradition selon laquelle il faut élever comme un garçon celui qui naît comme garçon et comme une fille celle qui naît comme telle », avait résumé son président et fondateur László Toroczkai, lors d’un happening l’été dernier dans sa bourgade d’Ásotthalom, située à quelques encablures de la frontière serbe. « Nous sommes le seul parti aujourd’hui à parler de « criminalité tsigane » », rappelait encore cet hiver sa vice-présidente Dóra Dúró, lors du lancement de la campagne du parti pour les élections européennes.
Quant à la « Betyársereg » – littéralement « l’armée des brigands -, elle est dirigée par Zsolt Tyirityán, lequel a plusieurs fois revendiqué le qualificatif de « national-socialiste » à son sujet.
La « Magyar Gárda » était une milice paramilitaire hongroise d’extrême droite créée par l’ancien chef du Jobbik, Gábor Vona, le 25 août 2007, devant 3 000 sympathisants paradant dans les rues de Budapest. Connue à l’étranger pour les images de son rassemblement sur la place des Héros à l’automne de la même année, la Garde hongroise était en réalité beaucoup plus active dans les petites villages de province, où ses membres intimidaient les populations roms. Dissoute le 2 juillet 2009 par le Tribunal de Budapest, elle avait déjà fait l’objet de plusieurs tentatives de re-création, par exemple sous le nom de « Nouvelle garde hongroise ».
« Dix ans après, nous n’oublions pas les victimes des attaques contre les Roms »