Hongrie : nouveau coup de boutoir contre le droit du travail

Le Fidesz au pouvoir en Hongrie propose d’augmenter le nombre d’heures maximum supplémentaires annuelles de 250h à 400h. Partis d’opposition et syndicats sont vent debout.

Crédit : Hulala.org

« Nous croyons en des choses simples : dans le travail, dans la famille, et dans la patrie« , avait déclaré, lors de son discours annuel sur l’état de la nation le 18 février, Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois qui se targue de bâtir une « société du travail« . Mardi dernier, son gouvernement a déposé au parlement un projet de loi selon lequel le seuil maximum des heures supplémentaires annuelles passerait de 250 à 400 heures. De plus, il propose également d’aménager le temps de travail sur trois années contre une à l’heure actuelle, ce qui revient mécaniquement à la suppression de la majoration des heures supplémentaires et à l’augmentation de la mise à disposition des travailleurs selon les carnets de commande des entreprises. C’est déjà le Fidesz qui, en 2012, avait modifié le Code du travail pour relever ce seuil de 200 à 250 heures, parmi d’autres mesures telles que l’assouplissement des conditions de licenciement et la régionalisation du salaire minimum.

L’opposition critique à l’unisson

Tous les partis d’opposition ont réagi jeudi contre ce projet de réforme du Code du Travail. Pour le parti Vert LMP, cela reviendrait à introduire en douce la semaine de travail de six jours. En effet, 400 heures ventilées sur une année reviennent à environ 8 heures supplémentaires par semaine. Les employés hongrois sont déjà ceux qui travaillent le plus grand nombre d’heures dans l’Union européenne, et cela pour des salaires « humiliants« , a déclaré Antal Csárdi, le chef du LMP au parlement. Selon lui, « les auteurs de la proposition de loi se tournent contre leurs électeurs pour augmenter les profits des multinationales« .

Les chiffres de l’OCDE tendent à confirmer les dires d’Antal Csárdi, les employés hongrois travaillant en moyenne 40 heures par semaine, contre 36 heures en France, 35 en Allemagne et 37 heures en moyenne dans les pays de l’OCDE. Les critiques sont aussi venues du Jobbik, son député Tamás Pintér considérant le projet de modification du code du travail d' »anti-familles », prenant ainsi le contrepied la communication du gouvernement qui a décrété cette année 2018 « l’année des familles ». Quant au député Gábor Nemes de la Coalition démocratique (DK), il estime que l’amendement donnerait le droit aux employeurs de « demander dix heures de travail par jour » à leurs employés.

Le Fidesz, qui s’autoproclame « gouvernement de la création d’emplois« , estime au contraire dans un communiqué que « beaucoup de gens travailleraient volontiers encore plus« , et dit vouloir « supprimer ces obstacles bureaucratiques« . Ce n’est pas sa première tentative de « flexibilisation » de la force de travail. Au mois d’avril 2017, il avait dû renoncer sous la pression des syndicats à son projet d’étendre d’un à trois ans la possibilité de décompte du temps de travail. Le Bloc des syndicats de cadres (ÉSzT) avait dénoncé « un projet de loi esclavagiste » et estimé que « le gouvernement cherche de manière lâche à faire des cadeaux aux multinationales, aux détriments des salariés« .

Hongrie : le gouvernement Orbán s’attaque (encore) au droit du travail

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