Hongrie : les médias publics « lavent le cerveau des gens »

La chaîne d’informations du Qatar Al Jazeera a réussi à faire témoigner deux journalistes hongrois sur la censure et la centralisation qui règnent dans les médias publics en Hongrie.

« Vous ne pouvez pas écrire quoique ce soit de négatif à propos du gouvernement », témoigne l’un des deux journalistes de la MTVA, à visage couvert et avec une voix reproduite par un acteur afin d’assurer son anonymat. « Si quelque chose est politiquement sensible, je reçois des instructions. Dans certains cas, on m’envoie même l’article prêt à publier et tout ce que j’ai à faire, c’est copier/coller. C’est totalement incroyable », affirme-t-il.

« Tout ce que j’ai à faire, c’est copier/coller. »

Un second journaliste travaillant également pour la MTVA, l’organisation créée en 2011 par le gouvernement Fidesz pour chapeauter l’ensemble des médias publics, raconte : « Le rédacteur en chef se comporte comme un dictateur. Au début on recevait des emails de lui « s’il vous plait faites comme ceci, pas comme ça. Et maintenant c’est « vous ne pouvez pas mettre ceci ou cela dans les actualités, c’est contre Viktor Orbán ».

Les deux témoins évoquent également la campagne de propagande organisée contre George Soros, autour de laquelle est axée toute la campagne du Fidesz pour les législatives. « Tout ce qui est lié à Soros fait la UNE. Les mots « Soros », « migrants » et « libéraux », c’est toute la campagne du gouvernement », confirme le premier.

« Un de mes boss m’a envoyé par erreur un jour un document qui avait été rédigé directement par le bureau du Premier ministre », raconte le second. « Ce document disait que Soros et ses organisations étaient en train d’organiser une grande manifestation anti-gouvernementale, et qu’il cherchait à faire tomber le gouvernement par des moyens illégaux ».

Mais cette censure et cette concentration de la production d’informations va au-delà des médias publics et touche tous les médias affidés au pouvoir, depuis les journaux gratuits aux tabloïds en passant par la presse régionale toute entière dans les mains du Fidesz. « Je pense que chaque média pro-gouvernemental suit les directives d’un organe central qui produit lui-même les contenus », déclare l’un des deux journalistes, « Ils lavent le cerveau des gens ».

Regarder le reportage d’Al Jazeera (à partir de 13’45 ») : 

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