Hongrie : les partisans de Viktor Orbán boycottent le débat parlementaire sur le climat

Les députés Fidesz et KDNP ont boycotté la séance de débat extraordinaire convoquée par l’ensemble des partis d’opposition sur les questions climatiques.

La séance de débat n’aura duré qu’une demie heure. Dans une assemblée vidée aux deux-tiers, les députés d’opposition étaient bien seuls ce matin pour débattre des questions climatiques à quelques jours du Sommet Action Climat qu’organisera l’Organisation des nations unies (ONU) le 23 septembre prochain à New York. Le Fidesz, dont les parlementaires ont boycotté la séance, a dénoncé de son côté « une initiative burlesque ».

Programmée ce matin à dix heures, l’idée d’une séance extraordinaire consacrée au climat a été lancée cet été à l’initiative du parti écologiste conservateur LMP, et largement soutenue par toutes les formations de l’opposition, des socialistes du MSzP au Jobbik. En raison de l’absence des députés de la majorité, le quorum nécessaire à la validation de l’ordre du jour n’a pas été atteint, ce qui n’a pas empêché les portes-paroles de chacun des groupes parlementaires présents d’exprimer leurs positions.

« La question qui se posera en 2050 ne portera pas sur le montant de nos charges, mais sur notre capacité à survivre au changement climatique », a chargé en premier Péter Jakab, l’orateur du principal groupe d’opposition, le Jobbik. « Le changement climatique ne doit certainement pas exister pour les partis gouvernementaux », a abondé le socialiste Bertalan Tóth. « Ce doit être une invention de migrants, agents de Soros, cyclistes, communistes ou d’autres libéraux-socialistes », a-t-il ironisé.

La députée LMP Erzsébet Schmuck s’en est également pris à un gouvernement « climato-sceptique » et « aveugle face aux forêts qui brûlent », déplorant que la question climatique soit réduite à un sujet d’affrontement politique.

Le débat a déjà eu lieu selon le Fidesz

Les partisans de Viktor Orbán ont justifié leur boycott en moquant le caractère « burlesque » de initiative. « L’opposition avait déjà convoqué une séance extraordinaire le 12 décembre dernier sur le même sujet. La séance a eu lieu et aucun député d’opposition n’était présent, alors que les parlementaires Fidesz et KDNP avaient répondu à l’appel », s’est justifié aujourd’hui le parti au pouvoir dans un communiqué.

Or l’ajournement de la séance du 12 décembre par les députés d’opposition est surtout lié à l’adoption le même jour de la « loi esclavagiste » sur les heures supplémentaires dans un contexte particulièrement électrique. Le Fidesz est en réalité coutumier de la politique de la chaise vide face aux initiatives parlementaires de la gauche, du LMP et du Jobbik. Le 3 janvier dernier, les députés de la majorité avaient décidé de bouder dans des circonstances analogues une séance de débat extraordinaire.

Ludovic Lepeltier-Kutasi

Journaliste, correspondant à Budapest. Ancien directeur de publication et membre de la rédaction du Courrier d'Europe centrale (2016-2020) et ancien directeur de la collection "L'Europe excentrée" (2018-2020).

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