L’ambassadeur américain David Pressman a critiqué le double-jeu hongrois dans le dossier ukrainien et s’est attiré en retour les foudres de la presse pro-Orbán.
L’ambassadeur David Cornstein, l’envoyé de Donald Trump, était beaucoup plus apprécié du gouvernement national-conservateur hongrois que le nouvel ambassadeur David Pressman en poste depuis l’automne 2022, un juriste ouvertement gay et qui a travaillé dans les administrations Obama puis Biden. La guerre qui fait rage en Ukraine et creuse le fossé entre un bloc occidental consolidé et la Russie ne facilite pas les relations diplomatiques.
« Les dirigeants politiques du gouvernement hongrois parlent souvent de promouvoir la paix, mais – depuis la condamnation des sanctions jusqu’à l’adoption de propositions russes de « cessez-le-feu » – ils continuent de promouvoir les politiques approuvées par Poutine », a déclaré Pressman à Politico. « Ces appels [à la paix] doivent être adressés à Vladimir Poutine », a-t-il ajouté.
Le gouvernement hongrois pro-Trump se brouille avec Joe Biden
S’adressant au New York Times, Pressman a déclaré : « Le monde a changé et il n’est plus possible de jouer des deux côtés alors qu’il y a une véritable guerre terrestre en Europe ». En clair, les États-Unis reprochent au gouvernement d’Orbán de ne pas prendre clairement le parti de l’Ukraine et de l’OTAN, dont elle est membre.
La réponse du ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, ne s’est pas fait attendre et il a naturellement accusé l’ambassadeur américain de s’ingérer dans les affaires intérieures hongroises : « Ce que (Pressman) ou tout autre ambassadeur pense du processus politique national en Hongrie est totalement hors de propos car cela ne les regarde pas. Nous demandons plus de respect pour les Hongrois ».
Pressman a riposté dans un tweet en déclarant : « Nous ne considérons pas la tentative de la Russie de redessiner unilatéralement les frontières de l’Europe comme un simple « développement politique intérieur en Hongrie » ».
Respectfully, we do not consider Russia’s attempt to unilaterally redraw the borders of Europe as just a “domestic political development in Hungary.” pic.twitter.com/UWCtFhc4Dl
— Ambassador David Pressman (@USAmbHungary) February 2, 2023
Un « soldat de Soros » selon les médias pro-Orbán
David Pressman est la cible d’attaques récurrentes de la part des médias du camp orbániste. Le porte-parole du département d’État américain est venu à sa rescousse en déclarant lors d’un point de presse : « Nous avons toujours un problème lorsque nous voyons ce qui nous semble être – au minimum – un effort concerté de la part de hauts-fonctionnaires du gouvernement hongrois et de certains éléments de la presse pro-gouvernementale de tenter de discréditer l’ambassadeur ».Pas impressionnés, les Magyar Nemzet, Origo, Pesti Srácok et autres publications contrôlées par le gouvernement ont publié lundi un nouvel article accusant David Pressman d’être un « soldat de Soros », au motif que celui-ci avait, par le passé, travaillé comme juriste avec l’American Civil Liberties Union (ACLU), une ONG cofinancée par le milliardaire américano-hongrois.
A l’automne dernier, les médias pro-Fidesz mènent une campagne ordurière contre deux juges dont ils exigeant la destitution, au motif qu’ils ont rencontré le nouvel ambassadeur des États-Unis.