Gyurcsány prêt à riposter

La vengeance est un plat qui se mange froid. Fidèles à ce proverbe, les lieutenants de Viktor Orbán montent de plus en plus souvent au créneau pour régler leurs comptes avec l’ancien premier ministre socialiste hongrois, Ferenc Gyurcsány. Ce dernier l’a affirmé lundi, il va se défendre contre ces accusations « empoisonnées », en abandonnant son immunité parlementaire s’il le faut.

Le Fidesz accuse Gyurcsány d’avoir délibérément menti sur l’état réel des finances de l’Etat afin de réassurer sa réélection en 2006. Il faut croire que la droite n’a toujours pas digéré cette élection perdue et qu’elle a bien l’intention de se venger froidement, quatre ans plus tard. László Kövér, chef de campagne du Fidesz a récemment déclaré au quotidien Magyar Hírlap que « Ferenc Gyurcsány devrait être poursuivi en justice depuis longtemps ».

C’est via son blog que l’homme le plus détesté de la politique hongroise a fait face à ces accusateurs du Fidesz : « Je ne me cacherai pas derrière mon immunité parlementaire », a écrit Gyurcsány qui promet que, si le gouvernement va jusqu’au bout de sa logique et met ses menaces à exécution en le poursuivant en justice, il ne se laissera pas faire et se dressera contre « le monde déformé et les intimidations violentes du Fidesz ». « S’il doit y avoir une bataille, alors qu’il y ait une bataille », a-t-il prévenu.

Si Ferenc Gyurcsány a quitté le devant de la scène politique hongroise en laissant sa place à Gordon Bajnai au printemps 2009, il n’en a pas pour autant quitté les coulisses. Dans les couloirs du parlement, où il est aperçu de plus en plus souvent, il se murmure depuis plusieurs semaines que Gyurcsány travaillerait à son grand retour, peut être même en créant un nouveau parti politique. En cela, les accusations répétées de ses adversaires du Fidesz pourraient lui offrir une bonne tribune pour faire réentendre sa voix.

En 2006, le parti socialiste MSzP avait été le premier à réussir l’exploit de se faire reconduire au pouvoir sous l’ère démocratique. Quelques semaines après sa victoire, le nouveau gouvernement dirigé par Ferenc Gyurcsány annonçait un train de mesures d’austérité, à l’opposé de ses promesses de campagne, encore plus généreuses et irréalistes que celles du Fidesz. Quelques mois plus tard, le 6 septembre, ce qui reste connu comme le « discours d’Őszöd [dans lequel Gyurcsány avouait « Nous avons menti jour et nuit », Ndlr] » fuitait et faisait de lui « l’homme à abattre ».

Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

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