Le gouvernement de Kurz en Autriche, du sur-mesure pour Orbán

Budapest ne pouvait guère espérer mieux que la coalition gouvernementale ÖVP-FPÖ qui vient de s’installer à Vienne en promettant un nouveau durcissement de la politique d’asile de l’Autriche.

Les résultats des élections à la mi-octobre avaient été accueillis avec satisfaction par le gouvernement Fidesz. « Je crois qu’après une formation gouvernementale fructueuse nous pourrons renforcer la coopération entre nos pays en tant qu’alliés proches […]», avait adressé le Premier ministre hongrois à Sebastian Kurz.

Cette « coalition fructueuse » est aujourd’hui en place. Sebastian Kurz du Parti populaire autrichien (ÖVP) a été investi lundi au poste de chancelier et gouvernera en coalition avec le Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ). Son président Heinz-Christian Strache prend ainsi le poste de vice-chancelier et le FPÖ aura la main sur six des treize ministères, dont la Défense, l’Intérieur et les Affaires étrangères.

L’ÖVP de Sebastian Kurz est membre du Parti populaire européen tout comme le Fidesz de Viktor Orbán. Tandis que le FPÖ siège avec le groupe de l’Europe des nations et des libertés, aux côtés du Front National.

« Christian Strache est un grand fan de Viktor Orbán »

Budapest peut donc légitimement espérer compter à présent sur l’Autriche comme un allié de poids pour soutenir les positions du Groupe de Visegrád, notamment en matière d’immigration et d’asile. Rappelons que le candidat du FPÖ finaliste à la présidentielle autrichienne, Norbert Hofer avait plaidé à Prague pour un V4 élargi à l’Autriche au mois de septembre 2016.

Le quotidien « Magyar Nemzet » estime que le gouvernement hongrois, outre Kurz, « peut également espérer le soutien d’un autre membre de la coalition autrichienne, le président du parti de la Liberté, Heinz-Christian Strache, étant un grand fan de Viktor Orbán ». Le journal rappelle que celui-ci a en effet salué à plusieurs reprises la clôture frontalière hongroise et présenté Budapest comme l’exemple à suivre en matière de lutte contre l’immigration.

A l’unisson de la presse internationale, le site d’actualités Index estime que Kurz ne doit sa victoire qu’à la promesse d’une politique stricte à l’égard des réfugiés et que « l’ÖVP a fait claquer le programme du Parti de la Liberté. […] Heinz-Christian Strache n’a cessé de vanter et de citer Viktor Orbán en exemple » Au poste de ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement social-démocrate très critique du gouvernement hongrois lors de la crise des réfugiés en 2015, Kurz s’était lui prononcé en faveur de la clôture hongroise le long de la frontière serbe, rappelle aussi Index qui titre « les deux amants d’Orbán sont maintenant à la tête de l’Autriche ».

Le revirement a déjà eu lieu

En fait, l’Autriche a déjà effectué un revirement spectaculaire de sa politique d’asile au printemps 2016, après avoir accueilli plusieurs dizaines de milliers de migrants au cours des mois précédents. De même, le gouvernement précédent s’était rallié aux positions de Budapest. Le social-démocrate du SPÖ Hans Peter Doskozil avait par exemple estimé que la construction de la clôture hongroise pour bloquer la progression des migrants vers l’Europe du Nord et de l’Ouest était une « bonne étape » dans la sécurisation des frontières de la zone Schengen. (Cf. article ci-dessous).

Autrichiens et Hongrois main dans la main pour bloquer les migrants

Photo d’illustration : MTVA.

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