En déplacement en Serbie lundi, le premier ministre hongrois Viktor Orbán en a profité pour tenir son premier meeting de campagne pour les élections européennes de mai prochain afin de s’assurer du soutien des Magyars de Voïvodine.
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Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
Allié à l’Alliance des Magyars de Voïvodine, le Fidesz se démène pour s’assurer le vote des quelques 200 000 Hongrois de Serbie, dont une bonne partie détient désormais la citoyenneté hongroise. « Seul le Fidesz-KDNP est capable de représenter la Hongrie avec suffisamment de poids et de sérieux sur la scène internationale, afin de défendre les Hongrois à Bruxelles », a déclaré lundi le premier ministre hongrois Viktor Orbán, lors d’un déplacement à Subotica, dans le nord de la Serbie. « Le fait que je tienne [ici] le premier rassemblement de la campagne des européennes est un symbole de l’unité [nationale] », a-t-il ajouté. Subotica – en hongrois « Szabadka » – est encore considérée comme la place forte hongroise en Voïvodine, une province serbe longtemps administrée par Budapest.
« On sent doucement monter dans tout le bassin des Carpates le sentiment selon lequel les Hongrois forment encore une même communauté, en dépit du fait qu’ils vivent éclatés sur sept ou huit pays. Il s’agit non seulement d’un fait historique, mais aussi d’une tâche et d’un défi pour l’avenir », a tonné Viktor Orbán devant ses soutiens, dans la salle d’honneur de l’Hôtel de ville.
Premier scrutin européen pour les Hongrois de Serbie
Les élections européennes de mai prochain sont les premières auxquelles pourront prendre part les Hongrois de Serbie. Avare en meetings et rassemblements électoraux sur le sol hongrois, le Fidesz se démène au contraire depuis des années pour capter le vote des minorités magyares vivant hors des frontières nationales, dont 1 million (sur 2,5 millions) ont accédé à la citoyenneté hongroise depuis le 1er janvier 2011.
Pour ce faire, le Fidesz a noué un pacte avec l’Alliance des Magyars de Voïvodine (SVM-VMSz), qui vient de lancer une campagne d’affichage intitulée « Tous autant que nous sommes » (« Mindannyiunk »), ainsi qu’une série de réunions publiques autour de slogans intégralement inspirés de la rhétorique orbanienne. « Nous pouvons faire bloc derrière un gouvernement hongrois fort », « La famille c’est l’assurance et la sécurité – pourquoi nous l’enlever ? », « La faillite du multiculturalisme – pourquoi la nation est-elle importante ? », peut-on notamment lire dans l’agenda du site Internet dédié, « mindannyian.rs ».
Lors d’une conférence de presse tenue la semaine précédente, le président du SVM-VMSz, István Pásztor avait précisé les termes de l’aide logistique fournie par son parti au Fidesz hongrois. « Ce n’est pas un secret : nous encouragerons les gens à cocher la liste siglée du Fidesz-KDNP lorsqu’ils voteront », a-t-il ainsi reconnu, alors que le SVM-VMSz aidera à remplir et centralisera les bulletins dédiés au vote par correspondance. Selon l’hebdomadaire hongrois HVG, « même si la campagne actuelle est menée au nom du SVM-VMSz, il y a de grandes chances pour qu’elle soit financée directement depuis Budapest ».
Les Hongrois de Serbie ne sont pas les seuls Magyars autochtones à voter pour la première fois aux élections européennes depuis l’octroi massif de la citoyenneté hongroise par Budapest en 2011. Du côté de l’oblast de Transcarpatie dans le sud-ouest de l’Ukraine, les quelques 150.000 Hongrois devraient également bientôt voir surgir des affiches semblables à celles observées en Serbie. Là-bas, le Fidesz marche sur des œufs et préfère attendre le second tour de l’élection présidentielle ukrainienne le 21 avril prochain pour se mettre en ordre de bataille.