Le Parlement a voté mardi en faveur d’un amendement qui stipule que ceux qui établissent une résidence n’ont pas besoin d’habiter réellement à cette adresse. De quoi alimenter la fraude électorale lors des prochaines élections, craignent l’opposition et des ONG.
La nouvelle législation adoptée, proposée par le vice-Premier ministre Zsolt Semjén, abolit l’exigence selon laquelle les personnes doivent réellement résider à leur adresse officiellement enregistrée. Les critiques estiment que la loi équivaut à la légalisation des « adresses fictives », donnant le feu vert à un « tourisme électoral » organisé.
Selon l’Union hongroise des libertés civiles (TASZ) et Political Capital, la nouvelle législation modifie la notion de résidence, la réduisant à une sorte d’adresse de contact, et établir une résidence fictive ne sera tout simplement plus punissable par la loi, disent-elles. Cela pourrait ouvrir grand les portes au « tourisme électoral » disent-elles dans un communiqué conjoint.
Le candidat de l’opposition au poste de Premier ministre, Péter Márki-Zay, a estimé mercredi sur la chaîne ATV que « le Fidesz se prépare apparemment à mener une fraude électorale organisée ».
Les présidents des partis d’opposition se sont tournés vers la Cour constitutionnelle et la Commission électorale nationale (NVI). Dans une déclaration conjointe, ils déclarent : « Si cet appel est rejeté par le NVI, ce sera un aveu ouvert de ce que font les partis au pouvoir. […] Nous utiliserons tous les moyens légaux et non légaux pour lutter contre les résultats électoraux présumés frauduleux », préviennent-ils.
Lors des dernières élections en 2018, un nombre important mais indéterminé de personnes avaient voté dans les régions frontalières du nord-est, sans habiter réellement en Hongrie. Il s’agissait de personnes de nationalité hongroise venues d’Ukraine pour s’inscrire en Hongrie, souvent à des adresses qui n’existent que sur le papier, afin de pouvoir voter en Hongrie.
Márki-Zay estime que le gouvernement pourrait désormais relocaliser des électeurs pour faire basculer des circonscriptions clés en 2022.