En Hongrie, le secteur culturel subit les coupes dans la fonction publique

Une loi adoptée en mai 2020 a supprimé le statut de fonctionnaires de plusieurs milliers d’employés au sein d’institutions culturelles publiques. Plus de 800 d’entre eux ont refusé de signer le nouveau contrat qui leur était proposé, et se retrouvent par conséquent sans emploi.

Depuis le début de la pandémie, le Fidesz ne ménage pas ses efforts pour réformer la fonction publique. En mai dernier, le parlement votait une loi supprimant le statut de fonctionnaire de près de 20 000 personnes employées dans des « institutions culturelles ». Sont concernés les employés de l’enseignement public, d’archives et autres travailleurs du spectacle, qui ont perdu leur statut de fonctionnaire au 1er novembre 2020, date d’entrée en vigueur de la loi. A la place, ils se sont vus proposer un contrat de travail de droit privé.

Depuis, Mérce souligne le fait que plus de 800 ex-fonctionnaires ont préféré quitter leur travail plutôt que d’accepter le nouveau contrat proposé par le gouvernement, accepté par plus de 12 000 travailleurs. « Au premier abord, le chiffre de 800 réfractaires peut paraître faible, mais on parle quand même de plus de 6% des employés de la culture qui ont perdu leur emploi, parce qu’ils ont refusé de perdre leur statut de fonctionnaire » explique le député LMP Péter Ungár.

A l’époque, les syndicats du secteur culturel avaient déjà dénoncé cette « réforme » et l’absence de concertation de la part du gouvernement. Ils pointent du doigt le fait que les fonctionnaires de la culture ont toujours reçu des salaires inférieurs à ceux du privé – une faible rémunération plus ou moins compensée par les droits accompagnant le statut de fonctionnaire, comme les congés payés, les indemnités de départ ou ne serait-ce que la sécurité de l’emploi et les perspectives de carrières.

A la recherche de la « compétitivité »

Pour le Fidesz, cette loi est nécessaire afin d’augmenter la « compétitivité » du secteur afin de « s’adapter aux conditions changeantes du marché ». Le nouveau contrat offre d’ailleurs une augmentation de salaire d’environ 6%, que les syndicats jugent toutefois trop faible pour compenser la perte des anciens droits, tout en sachant que beaucoup ne touchaient que le salaire minimum.

Pourtant élu en 2010 sur la base d’une réaction à la cure d’austérité et au néolibéralisme du précédent gouvernement socialiste, le Fidesz suit une tendance visible dans d’autres pays européen, consistant à éliminer progressivement le statut de fonctionnaire.

Récemment, ce sont les travailleurs de la santé qui avaient protesté contre la réforme de leur statut, que le gouvernement n’avait pas hésité à modifier en pleine pandémie.

Avant eux, les chercheurs du centre de recherche Eötvös Loránd Kutatási Hálózatnál (ELKH) ont également été privés de leur statut de fonctionnaire, sans consultation préalable de la part du gouvernement.

Photo d’illustration : les archives nationales hongroises (Crédit photo : Creative Commons)

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