Les étrangers en Hongrie sont les boucs-émissaires des médias d’extrême-droite qui roulent pour le gouvernement Orbán, accusés d’être responsables de la diffusion du covid-19 en Hongrie.
Raza Khan, un étudiant inscrit en deuxième année de Master en philosophie à la Central European University, est porté disparu depuis le 2 mars. Sa disparition suscite l’inquiétude de ses camarades, qui n’ont plus eu de nouvelles de lui depuis près de trois semaines.
Selon Pesti Srácok, le site phare de la « fachosphère », Raza Khan s’est soustrait aux autorités hongroises pour fuir sa mise en quarantaine, après avoir été en contact avec plusieurs étudiants iraniens. Ces derniers ont été parmi les premiers cas testés positifs au Covid-19 en Hongrie. Originaire du Pakistan et étudiant à l’Université de George Soros honnie, il fait un bouc-émissaire idéal pour la droite nationaliste.

Mais les allégations de cette myriade de sites qui véhiculent une idéologie d’extrême-droite au moyen de fake news et de théories conspirationnistes, avec le soutien financier de la publicité gouvernementale, ne s’accompagnent pas de preuves. L’information apparait même grossière considérant que les premiers cas de coronavirus ont été détectés quelques jours après sa disparition : deux étudiants iraniens, la compagne de l’un deux et un ressortissant britannique ayant été testés positifs.
Le syndicat des étudiants de la CEU et le syndicat Szabad Egyetem ont appelé les citoyens hongrois à exprimer leur réprobation de ce recours aux fausses nouvelles et de cette recherche de boucs-émissaires, au moyen d’une pétition. Ses soutiens affirment que l’étudiant Raza a été vu pour la dernière fois par son colocataire le matin du 2 mars et qu’il n’avait pas reçu de demande de mise en quarantaine de la part des autorités, et qu’il n’avait pas été en contact avec des cas détectés de Covid-19 avant sa disparition.
« Les lecteurs du journal pensent qu’un porteur potentiel de Covid-19 pourrait être dans les rues de Budapest ; même si cette seule pensée peut les faire paniquer, il est également possible qu’ils réagissent de façon imprudente lorsqu’ils rencontrent une personne disparue », peut-on lire dans la pétition.
Les signataires demandent qu’en vertu de l’état d’urgence récemment décrété et qui confère aux autorités le pouvoir d’intervenir contre tout diffuseur de fausses informations ayant trait à l’épidémie de coronavirus l’auteur de l’article Tibor Csibra et le site Pesti Srácok soient punis par une amende et que leur article soit supprimé.
Le discours insidieux du gouvernement
Dans sa conférence de presse internationale tenue au début de l’année, le chef du gouvernement Viktor Orbán avait dit veiller à ce qu’aucune « fake news » ne vienne polluer les médias en Hongrie ; Il avait lors de cette conférence de presse laissé une large place aux journalistes de Pesti Srácok et Origo, le principal portail internet de la droite, un média raciste et conspirationniste.
Les médias pro-gouvernementaux ont aussi accordé beaucoup d’attention au cas de plusieurs étudiants iraniens testés positifs et qui seront expulsés de Hongrie et de l’Union européenne pour ne pas avoir respecté un ordre de quarantaine.
Comme Donald Trump qui a qualifié le coronavirus de « virus étranger », Viktor Orbán a évoqué dans une intervention radiodiffusée le coronavirus qui menace le continent européen à l’heure actuelle comme un virus « introduit par les étrangers et qui se propage parmi eux » selon lui.
En visite au début du mois de mars auprès des forces armées qui stationnent à la frontière méridionale du pays, le Secrétaire d’État au Parlement, Szilárd Németh, a estimé que la migration illégale et le nouveau coronavirus vont de pair. Selon le secrétaire d’État, « non seulement la migration illégale et le terrorisme vont de pair, mais aussi la migration et le coronavirus ».