Des centaines de Polonais en quarantaine chez le « roi des asperges » en Allemagne

Des foyers épidémiques se développent chez les travailleurs saisonniers d’Europe centrale et de l’Est employés dans les exploitations agricoles en Allemagne. Placés en « quarantaine de travail », ils n’ont qu’un droit : aller ramasser les asperges.

130 personnes ont déjà été infectées et des centaines d’autres sont placées en quarantaine. Ou plutôt en « quarantaine de travail », ce qui signifie qu’elles ne peuvent sortir de leurs logements que pour se rendre aux champs où poussent, en avril et en mai, les précieuses asperges, et cela sous l’œil vigilant de gardes.

La situation est sous contrôle, assure le « roi des asperges », comme l’appellent les médias allemands. Il s’agit de Henrich Thiermann, l’un des plus grands producteurs d’asperges du pays, qui cultive sur un millier d’hectares en Basse-Saxe et dans le Brandebourg, à mi-chemin entre Brême et Hanovre.

Henrich Thiermann a tenu à rassurer la population locale en expliquant, dans le journal local Kreiszeitung, que son entreprise appliquait de stricts protocoles : « ceux qui vivent ensemble travaillent ensemble ». Ses employés sont testés deux fois par semaine et des agents de sécurité veillent « pour éviter tout mélange ».

Les contremaîtres imposent le port de masques facial, mais il est impossible d’éviter le brassage de tant de travailleurs, au travail et dans les 30 logements collectifs sur la ferme.

Deux poids deux mesures

Chaque printemps, ce sont des centaines de milliers de saisonniers issus des pays plus pauvres de l’Europe, qui sont acheminés en Allemagne pour ramasser à la main ces légumes qui sortent de terre à partir de la mi-avril. Ils « vivent souvent dans des conditions scandaleuses », relève Deutsche Welle.

1011 personnes travaillent actuellement à la ferme d’asperges de Heinrich Thiermann à Kirchdorf (Basse-Saxe). 412 d’entre eux sont polonais, il y a aussi de nombreux travailleurs roumains, selon Deutsche Welle.

Le journal Gazeta Wyborcza, qui s’est fait l’écho de ces informations en Pologne, précise que les Roumains sont généralement affectés au ramassage dans les champs, tandis que les Polonais œuvrent dans l’usine au lavage, au tri et au conditionnement des asperges.

L’épidémie qui a éclaté à la fin du mois d’avril a semé la confusion : des travailleurs sont partis quand d’autres en ont été empêchés ; une centaine de Polonais s’est mise en grève pendant deux jours, par peur du coronavirus, mais aussi pour exiger de meilleures conditions de travail.

Le salaire horaire, fluctuant, se situe actuellement autour de 6,80 euros pour ces saisonniers, qui paient 9,80 € par jour de frais d’hébergement et de déjeuner. Les retards de la récolte dus à la mauvaise météo puis l’épidémie laissent présager une bien mauvaise année pour eux.

L’année dernière, alors que la première vague de coronavirus touchait l’Europe, les images de centaines de travailleurs roumains et moldaves entassés à l’aéroport de Cluj-Napoca, prêts à s’envoler pour l’Allemagne et l’Autriche, avaient jeté une lumière crue sur le traitement réservés à ces travailleurs pauvres et sur la dépendance des modèles agricoles ouest-européens, dépendants de cette main-d’œuvre corvéable.

Photo d’illustration : Spree2010 (CC BY 2.0)

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.