Crise de l’énergie en Roumanie : Timișoara n’a plus de chauffage

Criblée de dette et coulée par la hausse des prix, l’entreprise de chauffage de Timișoara a vu son approvisionnement coupé par E.ON. 50 000 foyers, toutes les écoles et les hôpitaux de la ville sont sans eau chaude ni chauffage depuis le 26 octobre.

Article publié le 28 octobre 2021 par Le Courrier des Balkans.

L’hiver ne fait que commencer et la crise de l’énergie se fait déjà sentir à grande échelle. Depuis le 26 octobre, c’est Timișoara, la grande ville de l’ouest de la Roumanie, qui se retrouve sans eau chaude ni chauffage. 50 000 foyers sont touchés, soit plus de 100 000 personnes, ainsi que toutes les écoles et les hôpitaux de la ville, qui croulent déjà sous un nombre record de cas graves de covid-19. Comme si une catastrophe pouvait toujours se doubler d’une seconde.

Les raisons de cette coupure énergétique sont multiples. E.ON, fournisseur de gaz et d’électricité européen, basé en Allemagne, a coupé l’approvisionnement en gaz de Colterm, l’entreprise de chauffage de Timișoara, depuis longtemps criblée de dettes. Fin 2020, lorsque l’équipe du nouveau maire Dominic Fritz est arrivée au pouvoir, le total des dettes de Colterm dépassait 60 millions d’euros, dont 14 millions dus à E.ON. La nouvelle administration du maire avait commencé à en rembourser une partie, mais le contexte international a fait exploser le prix du gaz pendant l’été, et il n’y avait tout simplement plus d’argent pour payer. Une procédure d’insolvabilité a été ouverte pour Colterm et E.ON a coupé l’approvisionnement.

Pourtant, depuis son élection en septembre 2020, Dominic Fritz avait fait du redressement de Colterm, qui compte 900 salariés, une de ses priorités. Il comptait sur le renouvellement du conseil d’administration et de la direction pour donner un nouveau cap à l’entreprise vieillissante et mal gérée. Mais la rupture politique entre l’USR-Plus, auquel appartient Dominic Fritz, et le Parti national-libéral (PNL) au pouvoir, a retardé ce processus.

Que fait le gouvernement ?

« En une semaine, le prix total du gaz (gaz, transport, distribution et accises) est passé de 110 à 170 euros le MWh/heure, alors que depuis le début de l’année, il avait déjà été multiplié par quatre. Cette explosion des prix est sans précédent et personne ne peut y faire face seul », explique Dominic Fritz, qui en appelle aux autorités nationales. « Aujourd’hui, les coûts par jour sont d’environ 400 000 euros. En décembre, janvier et février, nous prévoyons des coûts de près de 700 000 euros par jour, soit 20 millions d’euros par mois si les prix restent au niveau d’aujourd’hui ! »

« Nous ne pouvons pas rester une nuit de plus avec des hôpitaux sans chauffage », s’alarme le maire de Timișoara. Le système électrique des hôpitaux est trop vieux pour supporter l’utilisation d’appareils de chauffage électrique, il faut donc trouver du gaz sur le marché. « Mais les solutions temporaires ne sont pas une option », avertit le maire, qui a besoin de l’aide du gouvernement pour conclure un contrat de fourniture de gaz à long terme avec un prix garanti à l’échelle nationale. Aujourd’hui, le prix du gaz n’est en effet pas le même d’une commune à l’autre.

Le maire cherche néanmoins une solution temporaire pour approvisionner les hôpitaux et les foyers, au moins la nuit. « Cela nous permettra de gagner du temps, jusqu’à ce que nous ayons un gouvernement capable de prendre des décisions. » En effet, Timișoara n’est pas seule, 27 communes sont dans une situation similaire. L’hiver s’annonce rude et cher.

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