Viktor Orbán continue-t-il d’engranger des soutiens en Europe centrale et orientale ? Après avoir annoncé hier l’appui de la Bulgarie à la Hongrie contre les menaces de sanctions européennes, le gouvernement de Sofia a fait volte-face ce midi par la voix du Premier ministre Boïko Borissov.
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Cet article fait l’objet d’une co-publication avec notre partenaire Le Courrier des Balkans. |
« Le gouvernement bulgare a décidé à l’unanimité de préparer une résolution destinée à défendre la Hongrie », a déclaré hier le vice-Premier ministre bulgare Krassimir Karakatchanov, membre du parti nationaliste « Patriotes unis ». Principal instigateur de l’initiative, ce dirigeant d’extrême-droite en charge du portefeuille de la Défense en a profité pour charger Bruxelles, coupable à ses yeux « de se transformer en Union soviétique ». Cette annonce, laissant entendre un veto de la Bulgarie contre toute sanction européenne envers la Hongrie, a été démentie ce matin par le chef du gouvernement bulgare Boïko Borissov.
Boïko Borissov a réagi de Salzbourg, où se tient actuellement une réunion des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Il a déclaré que la question hongroise « avait été débattue lors d’un séminaire gouvernemental informel », explicitant qu’un tel format ne pouvait pas aboutir à des décisions engageant la Bulgarie. Observant la levée de boucliers qui a suivi les déclarations de Krassimir Karakatchanov, le Premier ministre bulgare a d’abord tenté d’arrondir les angles, avant de contredire ouvertement son partenaire de coalition. Boïko Borissov s’est même senti obligé de taper directement sur son homologue hongrois Viktor Orbán, en le critiquant vertement au sujet de l’État de droit en Hongrie, de la « lex CEU » et du traitement de la crise des réfugiés par Budapest.
Le mouvement de Boïko Borissov, le GERB, est membre du Parti populaire européen au même titre que le Fidesz de Viktor Orbán. Lors du vote du Parlement européen sur le rapport Sargentini la semaine dernière, cinq de leurs six députés européens ont d’ailleurs affiché leur soutien à la Hongrie. Mais le Premier ministre bulgare est coutumier des retournements de veste, surtout quand il s’agit de politique internationale. Fier de son « amitié » auto-proclamée avec Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le Premier ministre conservateur a souvent déformé, jusqu’à dire tout et son contraire, ses propos en matière de géopolitique, que cela soit sur les relations de la Bulgarie avec la Russie, sur les projets énergétiques ou sur l’accueil des réfugiés.