BKV : Terminus, tout le monde descend !?

Malgré les 15 milliards de forints débloqués in extremis jeudi par la ville de Budapest, la société des transports publics de la capitale hongroise pourrait cesser temporairement ses services dès le mois prochain si l’Etat ne vient pas immédiatement à son secours. Budapest et la BKV sont littéralement prises à la gorge par le recouvrement d’une multitude de prêts qui arrivent à échéance.

De fait, le parc de transports de la BKV est déjà dans un tel état de dégradation que de plus en plus de véhicules tombent en panne lorsqu’ils sont en service et donnent parfois aux usagers un réel sentiment d’insécurité. Quotidiennement, environ 30% des bus et des métros partent en réparation, sachant que le nombre de véhicules autorisés à circuler a déjà dégringolé de 40% depuis 2010.

L’accumulation des créances

A la veille de l’échéance du remboursement d’un prêt de la banque MTK Budapest à la BKV, élevé à 9 milliards de forints (30 millions d’euros), le conseil municipal a décidé jeudi d’accorder un prêt d’urgence de 15 milliards de forints à sa compagnie de transports, dont 6 milliards seront alloués pour les besoins de fonctionnement du réseau. La décision a été approuvée avec 20 votes pour, un vote contre et 11 abstentions. L’idée du maire Istvan Tarlos de se servir de 15% du budget des autres services publics de Budapest reste en suspens.

Le remboursement de ce prêt n’a pu se faire que grâce à un nouveau crédit de 16 milliards contracté vendredi dernier auprès de la banque OTP, qui arrivera à échéance à la fin de l’année. La ville est cependant encore très loin de pouvoir honorer ses créances les plus proches, estimées à 45 milliards de forints, payables avant le mois d’avril ! Dès le mois prochain, Budapest devra déjà rembourser un autre prêt de 16 milliards de forints contracté pour la BKV. Si d’ici la mi-février la ville ne bénéficie pas d’une aide de 21 milliards ou d’une garantie de l’Etat, en plus des 32 milliards de forints « promis » par le gouvernement en décembre dernier, les banques gèleront probablement l’accès à ses 18 crédits d’une valeur totale de 62 milliards de forints.

Le bras de fer Tarlós – Orbán

Depuis de longs mois, István Tarlós multiplie les annonces alarmantes sur la situation financière de la BKV afin d’attirer l’attention du gouvernement, et en particulier celle de Viktor Orbán. Le chef de l’Etat est selon lui le seul à avoir le destin de la BKV entre les mains. Mais les querelles personnelles entre M. le Maire et le Premier ministre, qui sont pourtant tous deux du même bord politique (Fidesz), ne font qu’aggraver la banqueroute de la compagnie.

Fin 2011, le gouvernement avait proposé 32 milliards de forints (environ 100 millions d’euros) de subvention pour 2012 à la compagnie, à condition qu’un plan de gestion viable « à long terme » soit élaboré. Début janvier, István Tarlós lui a soumis ses propositions à base de nouvelles taxes pour améliorer et assainir le système de transports publics. Il propose en particulier un impôt « spécial transport » sur les sociétés et un projet de péage pour les automobilistes qui circulent en centre ville, avec la construction de parkings à proximité des stations de transports publics situées en périphérie. Mais à terme, c’est surtout la nationalisation de BKV Zrt. qu’il souhaite, dans un regroupement d’Etat avec la société de chemins de fer MÁV et la compagnie nationale d’autocars Volán.

Du côté du cabinet de Viktor Orban, on trouve anormal que les coûts de transports de la région la plus riche du pays puissent être subventionnés par les transports de régions plus pauvres et moins dynamiques. Une autre solution pourrait être de déposer le bilan afin que le gouvernement puisse déclarer officiellement une « entreprise stratégique », mais cela n’est pas viable à court terme et ne permettrait pas de verser les salaires, d’acheter des réserves de carburant et les pièces de rechange nécessaires à la réparation des véhicules.

Le gouvernement joue la montre

Selon la VEKE (association non gouvernementale pour les transports urbains fondée par le jeune Dávid Vitézy, devenu Directeur général de la BKK, la holding qui chapeaute tous les transports urbains de l’agglomération de Budapest), le gouvernement retient les aides d’urgence car le contrat public de la BKV prendra fin en avril. A ce moment-là, il faudra de toute façon ériger un nouveau plan de financement en accord avec les directives de l’Union européenne, qui exigent de Budapest et de l’Etat que toutes les pertes des opérateurs de transports en commun soient couvertes jusqu’au dernier forint. Cela signifie que le gouvernement devra prévoir un budget de 70 milliards de forints par an pour la BKV, pendant 8 ans. Selon les estimations de la BKK, maintenir le service de transports publics coûtera quelques 139 milliards de forints en 2012, tandis que la BKV ne peut espérer gagner que 50 milliards par la vente de titres de transports.

La bicyclette en perspective ?

Malgré l’urgence, le dialogue de sourds entre le gouvernement et Budapest persiste. En attendant les milliards de l’Etat, la thèse selon laquelle le réseau de métros, de bus et de trolleys de la capitale pourrait tout simplement être paralysé pendant plusieurs semaines dès le mois prochain devient de plus en plus plausible.

Les récentes mesures prises pour réaliser 5 milliards HUF d’économies (augmentation des recettes publicitaires, réduction du service de nuit et des coûts de fonctionnement, de chauffage, de télécommunications, d’assurances, de gestion, de nettoyage, de personnel…) paraissent bien maigres au vu du gouffre financier dans lequel la compagnie est enlisée. Elle n’aura pas assez de liquidités pour verser les salaires en février, ce qui conduira probablement à la grève et à l’effondrement instantané du service de transports. Quand bien même ses employés accepteraient de travailler sans salaire, l’entreprise aurait tout juste assez de carburant dans ses réserves pour fonctionner durant trois jours. Quant à l’électricité, il ne lui reste qu’un mois pour payer les fournisseurs.

Les usagers devraient donc d’ores et déjà penser à prendre leurs dispositions pour leurs déplacements quotidiens. Selon un récent sondage d’Index.hu auprès des internautes, beaucoup choisiraient la bicyclette comme moyen de transport alternatif. Un moyen certes pratique en été, mais beaucoup moins amusant en plein hiver d’Europe centrale.

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13 Comments
  1. Ne dramatisons pas… On avait aussi prévu le forint a 350 pour 1 euros, il n’en est rien, il continue de descendre… C’est impossible d’arreter le transport ce serait vraiment une catastrophe!

  2. faudrait-il encore avoir un vélo… et les personnes âgées ? on leur prete une trotinette ?
    et puis avec l’essence à 400 ft… bonjour les dégats !
    et je ne parle même pas des bouchons qu’on va avoir….

    l’horreur absolue

  3. dans toute cette histoire il y a un petit grand air de speculation …surtout de la part de ceux qui temporisent en attendant le faillite de BKV…..

  4. Cora est très souvent positive.Je l’envie.
    Le pire n’est peut-être pas à venir dans l’immédiat mais si il n’y a pas d’argent pour payer les agents, un risque de manque de mobilité dans la capitale n’est pas à exclure. Dans quelle proportion, nous verrons!
    Je ne serais pas étonné que le premier fusible du Fidesz à grillé soit le dénommé Tárlos!

    Zs.

  5. Et bien sur ce sera la faute du fidesz et on oubliera les corruptions et scandales et la mauvaise gestion de Demszky qui ont conduit à cela.

  6. J’ai entendu dire qu’il y a un an ils avaient mis un jeune homme de 25 ans à la tête de cette BKV en crise! Une preuve irréfutable de mauvaise géstion et de corruption.

  7. Attends Taobab, ce n’est pas n’importe qui ce gamin là!
    Dávid Vitezy est né le premier décembre 1985 et sa maman n’est autre que Agnès Hankiss qui siège au parlement européen en tant que députée Fidesz.
    Un de ses oncles est l’une des cent plus grosse fortune de Hongrie…
    Tu vois que du beau monde!
    Zs.

  8. C’est écrit dans les astres, le prix des billets va augmenter et le titre de transport gratuit pour les retraités cessera le 31 mars 2012.
    Zs.

  9. ha ha finalement je me demande si ca ne serait pas une bonne chose, ca permettra de prendre enfin de vraies decisions.

    ca va etre la fete du velo (je roule toute l’annee en velo, suffit d etre bien equipé).
    de plus, je vais me marrer par rapport a tous ceux qui ont voulu faire leur nouveaux riches en achetant des appart hors de prix a buda ou au marina part (nord de pest) ^_^
    parallelement, pour les etrangers, qui ont majoritairement acheté dans le centre, cela ne va rien changer.

    sinon les questions importantes sont les repercussions sociales:
    plus de transport en commun, ca veut dire moins de touristes et une tres mauvaise pub… (heureusement il y a le train entre un des 2 aeroports et le centre) donc moins d’argent qui rentre dans les societes hongroises… et combien d’employés possede la bkv? comment ces gens la vont ils payer leur loyer ou rembourser leurs prets ou tout simplement acheter a manger ?
    s’ils ne peuvent pas payer leur loyer, comment leur proprietaire pourra lui aussi rembourser son pret ?
    tout ca peut faire boule de neige tres vite… 🙁

    mais dans l’absolu, c’est comme avec le fmi ou l’europe on joue a se faire peur (la peur permet de diriger plus facilement) mais au final, je suis quasi sur qu’au dernier moment il y aura une decision qui reportera le probleme ^_^ et d’un point de vue pratique on ne verra pas la difference…

    quant a l’arrivee de david a la direction du bkk, a mon niveau je n’ai vu qu’une amelioration de qualite du service, enfin ce qui etait possible sans depenses supplementaires (des vrais plans des metros, le tram 24/24 sur le korut, plus de controle,…). par contre, etant donné les comptes plombés a mort, personne ne peut faire de miracle et je suis etonné que tout tourne encore !

  10. Non mais arretons le delire, le transport ne peut pas etre completement down dans une capitale. C’ est pas possible. Il n’y aura pas plus de velos, ils y aura plus de voitures, ou alors les gens n’ iront pas travailler et s’en remettront a leur patron pour trouver une solution. Il faut au moins qu’ il laissent le 4/6 et les metros, c’ est vital.

    Butch contrairement a ce que tu avance moi je bosse et ca aurait un impact capital, le tourisme c’ est la cerise sur le gateau, parlons des gens qui vont bosser. Soit ma boite devra m’acheter un velo (hors de prix a Budapest soyons serieux, il n’y a aucun marché a prix raisonnable du velo d’occasion) et de toute facon je refuse par ces temperatures, et je ne sais meme pas ou le ranger sans me le faire voler il n’ y a pas de local a velo dans mon immeuble), soit nous rembourser le taxi (qui sera de toute facon injoignable). La vraie solution sera de s’ organiser avec ceux qui ont des voitures (co-voiturage), ca serait hyper chiant car personne ne vient en bagnole depuis Pest vers Buda, il y a peu d’offre pour beaucoup de demande.

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