Le ministère hongrois de l’agriculture reconnaît le problème : les produits importés en Hongrie n’ont pas la même qualité que ceux vendus en Europe de l’Ouest. Les multinationales de l’alimentation vendraient aux Hongrois et aux Slovaques des ersatz des marques occidentales avec le même emballage.
L’Office hongrois de sécurité des produits de consommation (Nébih) a procédé à une série de tests sur 24 produits alimentaires vendus dans les magasins du pays et les a comparés à leurs versions autrichiennes. Le résultat, révélé par le journal conservateur Magyar Idők est clair : sous la même marque, les produits que l’on peut se procurer en Hongrie sont souvent de moins bonne qualité nutritionnelle et gustative. Alors que la célèbre marque de cola d’Atlanta vend aux Hongrois une variante plus sucrée de sa boisson (de 0,6%), les producteurs de produits chocolatés (cacao, biscuits, crèmes à tartiner) leur exportent des versions de seconde gamme, où domine également le goût sucré.
Le Nébih a également fait les tests avec des produits laitiers comme le yaourt et les desserts : l’un des puddings vendus en Hongrie aurait un goût moins marqué, plus dilué, les arômes contenus dans les crèmes seraient plus chimiques au palais. Magyar Idők évoque par ailleurs les soupes instantanées, dont les versions hongroises contiendraient 48g de poudre contre 60g pour leurs homologues autrichiennes vendues au même prix. Le consommateur autrichien bénéficierait en plus de 2% de pâtes, plus du double de viande et de 3% de légumes. Dans certaines préparations pour carbonara, les enquêteurs du Nébih n’ont même pas décelé de fromage dans la version hongroise, alors qu’en Autriche, la même marque propose trois fromages différents dans la même préparation.
Magyar Idők a eu l’idée d’interpeller le ministère hongrois de l’agriculture après avoir pris connaissance de tests similaires menés par l’État slovaque. Les différences observées entre les produits importés en Slovaquie et leurs équivalents occidentaux sont du même ordre, ce qui laisse penser que de nombreuses multinationales de l’alimentation considèrent encore le marché centre-européen comme une zone de second rang. Selon la secrétaire d’État slovaque à l’agriculture Gabriela Matecná et le gouvernement hongrois, l’affaire mériterait d’être réglée au niveau européen, encore faut-il que tous les pays concernés fassent front commun. Du côté de Budapest, les récents rappels à l’ordre de la Commission européenne portant sur des infractions au marché libre entre États membres compliquent la marge de manœuvre du gouvernement, rappelle Magyar Idők.