A Pécs, dans le sud de la Hongrie, « ces manifestations ne ressemblent pas aux autres »

Hier soir, environ 500 personnes se sont retrouvées à l’appel du jeune parti libéral Momentum sur une placette du centre-ville de Pécs. La colère sociale exprimée à Budapest commence à irriguer timidement le reste du pays.

Pécs, correspondance – Vendredi soir, sur les coups de dix-huit heures, plusieurs centaines de personnes (environ 500) ont commencé à se regrouper sur une placette du centre-ville de Pécs, une des deux grandes villes du sud de la Hongrie. Cette manifestation a été organisée par le petit parti libéral Momentum pour protester contre la loi dite « esclavagiste » sur la flexibilisation du temps de travail et contre une réforme de la justice, toutes deux votées mercredi dernier par le parlement dans une ambiance électrique.

« Orbán dégage ! », « sale Fidesz ! ». Les slogans entendus à Pécs résonnaient en tout cas avec ceux de la place du Parlement, scandés au même moment à Budapest. Il semble néanmoins que la loi travail ait donné d’autres idées aux manifestants : « Nous sommes venus faire des heures sup ! », « Nous ne sommes pas des serfs ! ». « Je suis venue, car je pense que c’est important en tant que citoyenne hongroise », commence à nous raconter Ildikó[1]Le prénom a été modifié., une jeune fille de dix-huit ans qui s’inquiète de son entrée dans la vie active : « comme je finis le lycée cette année et que je commencerai à travailler juste après, je ne veux pas que l’on impose à moi ou aux autres ces 400 heures supplémentaires ». Un peu plus loin, Zsuzsi[2]Le prénom a été modifié.,une jeune femme de vingt-sept ans abonde : « Moi je suis là à cause de la frustration accumulée ces dernières années, avec la crise du logement, les insultes continues contre les universités. Mais moi aussi je suis concernée par la « loi esclavagiste », car maintenant je travaille. J’aurais bien aimé quitter mon job et étudier à l’Université d’Europe centrale, mais maintenant… »

« Les gens veulent du changement »

Comme il fallait éviter le marché de Noël, le cortège n’a pu s’engager sur la place Kossuth, mais fut contraint de cheminer jusqu’à l’Hôtel de ville, où plusieurs tribuns ont pris la parole. « Ces manifestations ne ressemblent pas aux autres ; les gens ne veulent plus écouter des discours ennuyeux puis rentrer à la maison », analyse, emporté, Balázs Nemes, porte-parole de Momentum aux côtés du député indépendant Ákos Hadházy, « les gens veulent du changement, et ils voient que tout ce qui a été fait jusqu’à présent n’a pas apporté de résultat. » Selon lui, la frustration accumulée par la population ne demande qu’à s’exprimer. « Au parlement il est impossible de voter une loi dans un cadre normal car il n’y a plus que des plébiscites, les pouvoirs se concentrent, et on tente d’exécuter les médias libres. Donc on doit parler, on doit venir dans la rue, et le gouvernement devra bien entendre ce que nous disons, avant que quelqu’un ait l’idée d’utiliser des moyens plus agressifs, ce qui ne serait bien sûr pas une solution. »

Après la fin de la manifestation officielle, les gens n’ont justement pas voulu rentrer chez eux. Pour vaincre le froid, la foule s’est remise en mouvement et s’est dirigée vers le siège du Dunántúli Napló, le quotidien régional, symbole de la stratégie de concentration de la presse opérée par le Fidesz. Devant le bâtiment, situé dans une ruelle à sens unique du centre-ville, les manifestants ont commencé à scander « Presse libre ! » puis se sont engouffrés dans les locaux pour les occuper un temps assez court, avant de quitter les lieux en bombardant la porte de la rédaction avec des œufs. Quelques minutes plus tard, croisant le marché de Noël, le cortège a fini par s’inviter sur la place Kossuth, où l’événement s’est terminé par la déclamation d’un poème révolutionnaire de Sándor Petőfi et le chant de l’hymne national hongrois.

A tüntetés legvége előttig tart videónk, a kormányellenes demonstráció mindvégig békés volt. A tüntetők zárásként elénekelték a Himnuszt, és bejelentették, hogy folytatják

Posted by Szabad Pécs on Friday, December 14, 2018

Notes

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1, 2 Le prénom a été modifié.
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