La victoire d’Angela Merkel aux élections fédérales ce dimanche 24 septembre ne fait guère de doute, pour le Ministre polonais des Affaires Etrangères, Witold Waszczykowski, qui s’est exprimé dans une interview accordée à l’Agence de Presse Polonaise (PAP). Celui-ci considère toutefois que la Pologne et l’Allemagne doivent clarifier « de nombreuses questions bilatérales » sur le sujet des réparations de guerre qui trouble actuellement leurs relations bilatérales.
Article publié sur le site de la chaîne d’informations TVN24 le 14 septembre, sous le titre Waszczykowski « zakłada » zwycięstwo Merkel. « Pragmatyczny i rozsądny rząd ». Traduit du polonais par Klara Orlowska. |
Nous supposons que nous aurons encore affaire à un gouvernement pragmatique et raisonnable, dirigé très probablement, aujourd’hui nous pouvons l’affirmer, par Madame Angela Merkel – a dit Waszczykowski, en relation avec les élections en Allemagne qui ont lieu le 24 septembre prochain.
Il a tout de même souligné, que la Pologne et l’Allemagne, ont à clarifier de « nombreuses questions bilatérales », par exemple le statut des Polonais habitant en Allemagne ainsi que les questions de l’agenda européen, comme la sécurité internationale, énergétique et la politique climatique.
Nous sommes deux grands Etats, qui ont leurs intérêts propres. Depuis deux ans, la Pologne définit clairement ses intérêts, ce qui ne plait pas à certains, puisque nous avons cessé de nous tenir assis dans un coin et de dire qu’il suffit d’être dans l’Union européenne, qu’il suffit de suivre le sens du courant. Nous avons cessé de penser qu’avec l’instant où nous sommes entrés dans l’Union Européenne, nous avons reçu, adopté toute la loi communautaire, que toutes les affaires seront résolues comme par un coup de baguette magique. Parce que ce n’est pas le cas – a affirmé Waszczykowski.
L’UE « n’est pas un club d’altruistes »
Le chef du Ministère des Affaires Etrangères a constaté que l’Union Européenne « n’est pas un club d’altruistes […] mais une institution organisée de telle manière que l’utilisation de façon habile des nombreux instruments que l’Union donne aux Etats membres permet de réaliser ses programmes nationaux, ses intérêts nationaux ».
Waszczykowski a dit que la Pologne va poursuivre son dialogue avec l’Allemagne « à propos de tout ça ». « Nous allons aussi discuter de comment s’opposer aux sentiments extérieurs et aux menaces qui planent sur l’UE, aussi bien les militaires que les non-militaires, arrivant par exemple du Sud », a-t-il affirmé.
« Il y a de nombreuses complexités, d’ambiguïtés, de décisions pas claires »
Waszczykowski a également été interrogé sur les réparations de guerre. « Le ministre des Affaires Etrangères a effectué une certaine requête des aspects juridiques de cette affaire. Cette question est délaissée dans les relations polono-allemandes depuis plus de 70 ans. Il y a beaucoup de complexités, d’ambiguïtés, de décisions pas claires ou des opinions et cette affaire doit être éclaircie, mais d’une certaine perspective, car elle nécessite du temps », a-t-il dit.
Comme il a souligné, « il y a besoin de plus d’analyses, puisque différentes décisions ont été prises dans différentes situations, par exemple celles de l’année 1953. On avait alors affaire à une Pologne complètement différente ; les questions sont de savoir s’il s’agissait d’une Pologne souveraine, si les décisions prises par l’Allemagne de l’Est l’étaient de manière souveraine, ou si dans les deux cas, elles n’ont été prises qu’à cause de la domination de l’Union Soviétique dans cette zone d’Europe ».
Selon le ministre des Affaires étrangères, « de nombreux doutes subsistent, qui peuvent conduire à se demander si une telle décision a été une quelconque fois prise et si elle a une valeur aux yeux de la législation internationale. »
Besoin de « nombreuses expertises juridiques »
Comme l’a noté le chef du Ministère des Affaires Etrangères, les décisions prises en 2004 par les pouvoirs politiques de l’époque « divergeaient car le Parlement a pris une autre décision que le gouvernement du Premier Ministre Marek Belka. »
« Cela nécessite peut-être également des consultations internationales avec des experts internationaux, qui s’occupent du droit international. Peut-être aussi des entrevues polono-allemandes, mais au niveau des experts, afin de s’expliquer mutuellement certaines décisions ou déclarations prises il y a quelques années en Allemagne. Cela nécessite bien sur une grande analyse et évaluation des dommages, un bilan. Mais cela n’est plus l’affaire du Ministère des Affaires étrangères, ces décisions doivent être prises par d’autres institutions » – a noté le Ministre des Affaires Etrangères
« Et enfin, quand nous seront plus au clair d’un point de vue juridique, sur la question des pertes humaines, économiques etc., il faudra juger ces éléments dans un certain contexte politique, de la politique internationale actuelle, de la politique bilatérale polono-allemande et cela exige une décision dépassant de loin le Ministère des Affaires Etrangères », a affirmé M. Waszczykowski
L’affaire des réparations
Dans une expertise du Bureau d’Analyses de la Diète concernant les réparations de guerre publiée lundi sur la page de la Diète (Sejm), il est jugé qu’il est juste d’affirmer, que la République Fédérale d’Allemagne doit à la République de Pologne des réparations. Le Bureau a préparé cette opinion sur la demande du député Arkadiusz Mularczyk.
La thématique des réparations est apparue dans le débat public après que le Président de PIS, Jaroslaw Kaczynski, a déclaré, lors de la convention de la Droite Unie en juillet, que la Pologne n’a jamais reçu les dédommagements pour les énormes dommages de guerre qu’elle a subi, qui en vérité « n’ont toujours pas été rattrapés ».
Jeudi, le chef du cabinet du Président, Krzysztof Szczerski, a dit, que le Président Andrzej Duda, qui devait s’entretenir ce jour-là avec le Président allemand, Frank-Walter Steinmeier, doit lui présenter un bilan de la situation des réparations de guerre. Szczerski a rappelé, qu’il existe une expertise de la Diète à ce sujet, mais pas de position du gouvernement, donc « il n’y a pas de négociations formelles à ce sujet ».