Viktor Orbán usurpe la démocratie chrétienne, le PPE courbe l’échine

Viktor Orbán s’est posé en homme fort d’un renouveau de la démocratie chrétienne en Europe, lors du congrès du Parti populaire européen (PPE) durant lequel l’Allemand de la CSU Manfred Weber a été désigné candidat à la présidence de la Commission européenne.

L’Allemand de la CSU Manfred Weber a été élu tête de liste du Parti populaire européen ce jeudi lors de son congrès à Helsinki. Adoubé par les ténors de la droite européenne, d’Angela Merkel à Laurent Wauquiez en passant par Sebastian Kurz et Viktor Orbán, il a obtenu 492 des 619 voix, soit près de 80 % des suffrages des délégués du parti paneuropéen.

Les regards étaient tournés vers le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, visé par une résolution du parti. Sans faire de déclarations fracassantes, celui-ci s’est posé en héritier de l’histoire du PPE, en rendant un hommage appuyé à Helmut Kohl, et en se revendiquant du courant de la démocratie chrétienne : « Nous sommes le PPE. Nous sommes le parti populaire européen. L’Europe sera une Europe des peuples, ou elle ne sera pas. Les socialistes, les libéraux et les verts travaillent exactement pour une Europe sans racines ni identité spirituelle. Notre vision est une Europe composée de 27 visages. Une Europe à la fois chrétienne et démocrate. En tant que PPE, nous ne devrions jamais avoir peur de réaffirmer ce que nous sommes : des démocrates-chrétiens. »

« Vous n’êtes pas un chrétien-démocrate »

Signe que le Hongrois n’a pas convaincu tout le monde et que Manfred Weber pourrait avoir du mal à asseoir son autorité en faisant le grand écart entre les franges libérale et nationaliste, le président du Conseil européen Donald Tusk, issu du parti centriste polonais de la Plateforme civique, a délivré un discours très virulent dirigé précisément contre Viktor Orbán : « Personne n’a le droit, du moins dans notre famille politique, d’attaquer la démocratie libérale et ses fondements ».

« Si vous êtes contre l’état de droit et un pouvoir judiciaire indépendant, vous n’êtes pas un chrétien-démocrate ;

Si vous n’aimez pas la presse libre et les ONG, si vous tolérez la xénophobie, l’homophobie, le nationalisme et l’antisémitisme, vous n’êtes pas un chrétien-démocrate;

Si vous placez l’État et la nation contre ou au-dessus de la liberté et de la dignité de l’individu, vous n’êtes pas un chrétien-démocrate ;

Si vous attisez des conflits et des divisions au niveau mondial et au sein de l’Union européenne, vous n’êtes pas un chrétien-démocrate ;

Si vous soutenez Poutine et attaquez l’Ukraine, si vous êtes en faveur de l’agresseur et contre la victime, vous n’êtes pas chrétien-démocrate ;

Si vous voulez remplacer le modèle occidental de démocratie libérale par un modèle oriental de «démocratie autoritaire», vous n’êtes pas un chrétien-démocrate.

Je voudrais croire que nous voulons tous rester fidèles aux idéaux de la vraie démocratie chrétienne. »

C’est la frange conservatrice qui s’est imposée avec Manfred Weber face à une ligne plus libérale représentée par son adversaire, le finlandais Alex Stubb. Mais en refusant de rompre avec les nationalistes hongrois du Fidesz, alors que la moitié de ses troupes a voté en faveur du rapport Sargentini préconisant des sanctions contre la Hongrie le 12 septembre au Parlement européen, le parti paneuropéen reste toutefois exposé à d’éventuelles manœuvres d’Emmanuel Macron au centre de l’échiquier d’ici aux élections européennes prévues au printemps 2019.

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